Grand invité de l’Économie RFI/Jeune Afrique – Karim Sy : « Au niveau des États, notamment francophones, on reste avec des dynamiques très centralisées »

Membre du Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA), le Franco-Malien Karim Sy est le fondateur du réseau dédié à l’innovation et présent dans neuf pays : Jokkolabs. Il est le Grand Invité de l’économie RFI-Jeune Afrique samedi 2 juin sur RFI, à 12 h 10 heure de Paris, 10 h 10 TU.

Karim Sy © Vincent Fournier pour JA

Karim Sy © Vincent Fournier pour JA

Julien_Clemencot

Publié le 1 juin 2018 Lecture : 2 minutes.

De nationalités malienne et française, d’origines libanaise et sénégalaise, diplômé de l’école polytechnique de Montréal, installé entre Dakar et Paris, Karim Sy est l’illustration de la mondialisation heureuse. Après un parcours entrepreneurial riche, il a posé les bases en 2010 du réseau Jokkolabs, une plateforme d’échange dédiée à l’innovation, aujourd’hui présente dans neuf pays. Entre 2004 et 2014, il a participé en tant que vice-président de la commission consacrée aux technologies de l’information à la stratégie de croissance accélérée du Sénégal. Depuis août dernier, il est membre du Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA) qui conseille le président français, Emmanuel Macron.

Jokkolabs

« J’ai eu la chance dans mon parcours d’avoir différentes expériences. Au niveau microéconomique via mes entreprises, au niveau meso parce que j’ai été impliqué dans plusieurs organisations patronales et associatives et au niveau macro car j’ai été représentant du secteur privé dans le cadre de la stratégie de croissance accélérée au Sénégal. Ces mondes ne se parlent pas, ils vivent en silos et la technologie casse les silos et permet d’interagir. Jokko, en wolof, c’est le lien, la connexion, la communication. Il me semblait important de faire du lien entre tous ces mondes alors qu’une nouvelle économie émerge. Jokkolabs a pour but d’anticiper ces changements pour se les approprier. »

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Politiques

« Les politiques sont trop lents face aux enjeux. Au-delà du Sénégal, je suis intervenu en Ouganda, au Ghana, au Bénin… Il y a une vraie question qui se pose en termes de prospective. J’ai la conviction que ces réflexions doivent être menées de manière plus large. On parle de plus en plus d’approches participatives, mais au niveau des États, notamment francophones, on reste avec des dynamiques très centralisées, pensées par le haut, impliquant peu les gens et se détachant du terrain. Il faut créer des ponts. »

Circulation

« La diversité est une richesse. L’eau pure, cela devient de l’acide […]. Dans son discours de Ouaga, le président Macron avait annoncé la facilitation de l’accès à des visas pour les Africains qui ont étudié en France et c’est en train d’être suivi. Il y a une circulation vertueuse et il faut la renforcer. […] J’entends la volonté [de limiter les migrations]. Je pense que tout repli identitaire est risqué. Cela ne va pas dans le sens de l’histoire. »

Paul Kagame

« On est parti d’un pays exsangue après un génocide et pour y être allé il y a deux semaines, on sent un pays qui bouge. Le président Kagame ose, mais pas seul. Il agit avec toutes les bonnes volontés. Par exemple, la société américaine Zipline qui utilise des drones pour livrer les médicaments dans les zones rurales. Là, on anticipe le futur, on est dans la rupture, plus dans une approche conventionnelle. Il s’agit de s’allier les meilleures compétences, d’inviter les meilleures écoles à s’installer. J’ai des amis qui, au Rwanda, ont pris des rendez-vous avec des ministres via Twitter. La culture change et le rêve est possible. »

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