Libye : Londres s’excuse auprès de l’ancien chef islamiste Abdelhakim Belhadj pour son enlèvement en 2004

Le gouvernement britannique a officiellement présenté ses excuses à Abdelhakim Belhadj et son épouse, en reconnaissant avoir joué un rôle dans leur capture en Malaisie, en 2004, en collaboration avec les services américains, puis leur transfert vers la Libye du colonel Kadhafi, où ils avaient été torturés. Le leader islamiste avait entamé une bataille juridique en 2012 pour exiger la vérité.

Abdelhakim Belhadj lors d’un entretien avec Jeune Afrique, le 24 juillet 2017. © Nicolas Fauqué pour JA

Abdelhakim Belhadj lors d’un entretien avec Jeune Afrique, le 24 juillet 2017. © Nicolas Fauqué pour JA

CRETOIS Jules

Publié le 10 mai 2018 Lecture : 2 minutes.

Le visage fermé, Abdelhakim Belhadj, ancien chef jihadiste libyen devenu leader du parti politique conservateur Al-Watan et également homme d’affaires, s’est exprimé le 10 mai depuis l’ambassade britannique à Istanbul, une ville dans laquelle il passe le plus clair de son temps.

Au nom du gouvernement de sa Majesté, je m’excuse sans réserve

Ce 10 mai, le gouvernement britannique a officiellement présenté ses excuses au Libyen, ainsi qu’à son épouse Fatima Bouchar, de nationalité marocaine, en reconnaissant avoir joué un rôle dans leur enlèvement en Malaisie en 2004. Cette année-là, l’homme et son épouse enceinte avaient été arrêtés par les services américains et transférés vers la Libye, où ils avaient subi des actes de torture et avaient été condamné à mort.

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Les excuses de Theresa May

« Au nom du gouvernement de sa Majesté, je m’excuse sans réserve », a ainsi déclaré la Première ministre Theresa May, dans une déclaration lue le 10 mai au Parlement par le procureur général Jeremy Wright, dont une copie a été remise à Abdelhakim Belhadj par l’ambassadeur britannique en Turquie. Le traitement que l’homme a subi est un « traitement épouvantable », a également jugé Theresa May dans sa lettre.

Depuis plusieurs années, l’ancien commandant militaire islamiste de Tripoli, actif dans le renversement de Mouammar Kadhafi en 2011, accusait les services britanniques d’avoir facilité sa capture. En 2012, il avait même porté plainte contre l’ancien ministre des Affaires étrangères Jack Straw, en poste au moment des faits. Des articles parus dans la presse britannique avaient attesté de relations ténues entre les services libyens et britanniques durant les dernières années du règne de Kadhafi. Après la chute du régime, des lettres avaient été retrouvées dans les bureaux de Moussa Koussa, chef des services de sécurité et du renseignement libyen, venant attester d’échanges avec Sir Mark Allen, qui dirigeait le MI6, les services de renseignement extérieurs britanniques.

Compensation financière

Le procureur général Jeremy Wright a également annoncé que le gouvernement britannique verserait 500 000 livres sterling à Fatima Bouchar, qui était enceinte lors de son enlèvement, mais rien à son époux, qui n’a pas demandé de compensation financière. En acceptant cet accord, le couple Belhadj s’est engagé à retirer leurs poursuites judiciaires entamées en 2012.

Le gouvernement britannique a tiré de nombreuses leçons de cette période. […] Nous regrettons sincèrement nos échecs », indique Theresa May dans son courrier

Enfin, le procureur général a assuré que rien ne permettait d’établir de responsabilités précises dans cette affaire.

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Le courrier de Theresa May sonne comme un retour critique sur les excès de l’antiterrorisme : « Le gouvernement britannique a tiré de nombreuses leçons de cette période. Nous aurions dû réaliser beaucoup plus tôt les pratiques inacceptables de certains de nos alliés internationaux, et nous regrettons sincèrement nos échecs. »

>>> A LIRE – Abdelhakim Belhadj : « Avoir fréquenté Ben Laden n’a jamais fait de moi un terroriste »

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En 1988, Abdelhakim Belhadj avait rejoint l’Afghanistan alors qu’il avait 22 ans. Dans la foulée, il était devenu un cadre du Groupe islamique combattant libyen (GICL), et avait rencontré Oussama Ben Laden, l’ancien chef d’Al-Qaïda.

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