Attentats à Ouagadougou : huit personnes interpellées, le scénario de l’attaque se précise

L’enquête sur la double attaque meurtrière qui a visé l’état-major général des armées et l’ambassade de France vendredi 2 mars avance. Huit personnes ont été interpellées pour leur implication présumée dans l’attentat, a déclaré mardi la procureure du Faso, Maiza Sérémé, qui a précisé le scénario des événements.

La porte de l’état-major des armées à Ouagadougou, par laquelle les assaillants sont passés, lors de l’attaque du vendredi 2 mars 2018. © Ludivine Laniepce/AP/SIPA

La porte de l’état-major des armées à Ouagadougou, par laquelle les assaillants sont passés, lors de l’attaque du vendredi 2 mars 2018. © Ludivine Laniepce/AP/SIPA

Publié le 6 mars 2018 Lecture : 4 minutes.

« A ce stade de l’enquête, huit personnes, toutes de nationalités burkinabè, ont été interpellées », a déclaré Maïza Sérémé, procureure du Faso. Parmi elles, trois militaires, dont l’un avait été radié à la suite des mutineries de 2011, et les deux autres toujours en activité. L’enquête, à laquelle participe également des Français, doit encore déterminer si ces suspects sont des complices, des coauteurs ou même s’ils ont réellement été impliqués. Les enquêteurs ont également auditionné une soixantaine de personnes, victimes et témoins de l’attaque.

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Nouveau bilan

Selon un nouveau bilan, communiqué par la justice burkinabè, huit soldats ont été tués – jusqu’ici, le bilan faisait état de sept militaires tués – et 85 personnes blessées, pour la plupart des militaires.

Outre les bâtiments endommagés, 29 véhicules ont été incendiés lors de l’explosion, ainsi que 24 engins à deux roues. Huit assaillants ont également été tués.

Les premiers éléments de l’enquête, tels que dévoilés par la justice burkinabè, permet de mieux cerner le scénario de l’attaque revendiquée samedi 3 mars par la coalition jihadiste Nusrat al-Islam Wal Muslimin (« Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans »), dirigée par Iyad Ag Ghali.

Selon la procureure du Faso, l’attaque contre les sites de l’ambassade de France et de l’état-major général des armées a été perpétrée par deux groupes de quatre individus.

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Assaut repoussé à l’ambassade

Au niveau de l’ambassade, « les premiers éléments de l’enquête ont révélé que c’est à 10 heures 01 minutes 56 secondes qu’une berline de couleur gris clair circulant sur l’avenue de l’indépendance en direction du bâtiment de la primature a stationné à hauteur du dernier poste de garde. Trois occupants de cette voiture en tenue civile sont immédiatement sortis armés de kalachnikov et ont ouvert le feu sur le poste de garde, tuant l’élément de sécurité », a-t-elle expliqué.

Les quatre terroristes ont alors tenté de pénétrer à l’intérieur de l’enceinte diplomatique en tirant en rafales sur le guichet d’accueil. L’assaut est vain. Ils se replient alors dans une villa mitoyenne, en franchissant le mur d’une résidence. C’est là qu’ils seront abattus par les forces burkinabè et françaises.

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Attaque meurtrière sur l’état-major

Scénario identique à l’état-major général des armées, où les assaillants au nombre de quatre également – sont arrivés cette fois, pour deux d’entre eux, sur une moto Nano. Les deux autres sont arrivés dans une Nissan Almeira. Le groupe qui a attaqué l’état-major a fait plus de dégâts que celui qui a tenté d’entrer dans l’ambassade de France.

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« Parvenus à la porte arrière de l’état-major, les assaillants armés de fusils de type AK47 et de grenades ont immédiatement ouvert le feu. Après des tirs nourris, trois assaillants ont pu accéder à l’intérieur de l’état-major général des armées où le conducteur du véhicule s’est fait exploser à côté d’un des bâtiments », a expliqué la procureure.

« Les échanges de tirs avec les éléments de garde et les forces spéciales burkinabè se sont soldés par la mort de trois assaillants », a-t-elle par ailleurs indiqué.

« Aucun assaillant ne portait de tenue militaire »

« Selon nos constations, aucun assaillant ne portait de tenues militaires », a insisté Maïza Sérémé, après que plusieurs sources aient affirmé que certains des assaillants portaient des treillis. « La confusion provenait d’un corps trouvé sur les lieux. Après contrôles et examens, c’est un de nos militaires », a précisé la procureure lors de la conférence de presse.

La présence de deux militaires et d’un ex-militaire parmi les personnes interpellées semble accréditer la thèse de complicités au sein des forces de sécurité. « On ne peut exclure aucune complicité », a simplement déclaré Maïza Sérémé.

Les assaillants « étaient très jeunes, habillés de vêtements pratiquement neufs et portaient des bandeaux sur le front portant ceci : “Il n’y a de divinité qu’Allah et Mohamed est son prophète” », a-t-elle ajouté.

Le Drian à Ouaga « la semaine prochaine »

Par ailleurs, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a annoncé ce mardi sont intention de se rendre à Ouagadougou dans les jours qui viennent, selon des déclarations relayées par l’AFP.

« Je vais m’y rendre la semaine prochaine pour témoigner notre solidarité à l’égard des personnels de l’ambassade et aussi à l’égard des forces burkinabè, puisque vous savez que l’un des gendarmes qui gardait l’ambassade a été tué », a déclaré le ministre lors d’une audition devant la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale.

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