Les critiques n’avaient d’yeux que pour lui, "l’acteur à gueule". Cinq ans après l’avoir découvert en taulard dans Un prophète, de Jacques Audiard (Grand Prix du Festival de Cannes 2009), ils ont vu Reda Kateb imposer son visage singulier sur les écrans de la Croisette.
À 37 ans, ce natif d’Ivry-sur-Seine, en banlieue sud de Paris, de père algérien et de mère française, est à l’affiche de trois films – un record – qui étaient sélectionnés dans différentes catégories : Lost River, le mégablockbuster de Ryan Gosling, où il incarne un chauffeur de taxi dans une ville américaine (Detroit) ravagée par la crise, présenté dans la sélection parallèle Un certain regard ; Hippocrate, en clôture de la Semaine de la critique, où il joue Abdel, un médecin étranger qui s’échine au travail le jour, à l’hôpital, et révise la nuit pour passer son concours de l’internat, et Qui vive, premier film de Marianne Tardieu, dans la sélection Acid, où Reda Kateb tient le premier rôle, celui d’un vigile, Chérif, prisonnier des codes de son quartier.
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Un premier court-métrage en septembre
Volontaires, Chérif et Abdel rêvent d’une intégration en douceur, mais sont rattrapés par le déterminisme social. D’ailleurs, "je ne me suis pas senti si loin des personnages, souligne l’acteur. Avant de vivre du cinéma, j’ai fait de la manutention, du télémarketing… Après ce film, je ne pourrai plus regarder un vigile comme avant".
Connu des téléspectateurs français pour ses rôles de truand dans les séries télévisées Engrenages et Mafioso, il explore des territoires multiples. Venu du théâtre, Reda Kateb a décroché un second rôle très remarqué dans Zero Dark Thirty. Et reste avide de nouvelles expériences. En septembre, il réalisera son premier court-métrage : l’histoire de deux frères qui vivent en animant des anniversaires…