Le Gabon réquisitionne de force une filiale de Veolia

Les autorités gabonaises ont réquisitionné unilatéralement la Société d’Energie et d’Eau du Gabon (SEEG), filiale de Veolia, dans un contexte où de nombreuses coupures d’eau sont observées depuis plusieurs jours à travers tout le pays.

Société d’Electricité et d’Eaux du Gabon à Libreville. © Flickr / CC BY-NC-SA 2.0

Société d’Electricité et d’Eaux du Gabon à Libreville. © Flickr / CC BY-NC-SA 2.0

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Publié le 16 février 2018 Lecture : 2 minutes.

Le ministère de l’Eau et de l’Énergie a mis fin vendredi 16 février à la convention de concession qui le liait à la Société d’Energie et d’Eau du Gabon (SEEG) filiale de du groupe français Veolia (25 Mds d’euros de chiffre d’affaires en 2017). Pour motiver cette décision, le communiqué officiel invoque en particulier « la dégradation de la qualité du service rendu aux usagers, les efforts financiers consentis par l’État non suivis des effets escomptés et les plaintes récurrentes des populations ».

De fait, « la SEEG et l’ensemble de ses employés gabonais ont été réquisitionnés par l’État avec effet immédiat », nous a assuré le ministre en charge Patrick Eyogo-Edzang.

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De son côté, le président des activités Afrique et Moyen-Orient du groupe français, Patrice Fonlladosa, que nous avons joint par téléphone, s’est dit « surpris de la brutalité de l’action » des autorités gabonaises et « déçu », évoquant « des motifs très clairement ridicules ». Il a toutefois affirmé « respecté les choix souverains de l’État ».

Stress hydrique

Jeudi, Antoine Boo, le directeur général de la SEEG et le ministre de l’Eau et de l’Énergie avaient tous deux été convoqués par le directeur de cabinet du chef de l’État, Brice Laccruche Alihanga, dans ce qui ressemblait à un rappel à l’ordre, alors que de nombreuses coupures d’eau étaient observées à travers tout le pays.

Depuis plusieurs années, le Gabon est en situation de stress hydrique et de nombreuses populations subissent des carences en eau dans les faubourgs de Libreville, à Franceville en passant par Port-Gentil.

Face à cette situation, l’État gabonais et Veolia se rejettent régulièrement la faute des dysfonctionnements du service, notamment concernant les investissements dans les installations consentis ou non par l’une et l’autre partie. Ces différends récurrents ne les avaient pas empêchés de proroger de cinq ans en mars 2017 le contrat qui les liait depuis 1997.

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>>> A LIRE – Gabon : le ton monte entre l’État et Veolia

L’année dernière, toujours, le Gabon et Veolia s’était entendus pour apurer leurs créances respectives. « Nous avions des arriérés d’impôts avec l’État et celui-ci nous devait aussi beaucoup d’argent, explique Patrice Fonlladosa. Une grande partie de la dette, qui s’élevait à 70 millions d’euros à fin 2016, a ainsi été annulée. Reste malgré tout une balance nette de 18 à 20 milliards de FCFA [de 27 à 30 millions d’euros environ] en notre défaveur. » On croyait leur relation apaisée depuis.

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« Nous reprenons la main sur la gestion pour une période transitoire de douze mois pendant laquelle nous assurerons la continuité du service public », a tenu à rassurer le ministre de l’Eau et de l’Énergie. Dans un communiqué de presse, diffusé vendredi soir, la SEEG dit attendre que « l’État gabonais respecte les règles de droit applicables ».

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