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Les enjeux du 30e sommet de l’UA : corruption, financement, gouvernance
Le sommet de l’UA a connu un nouvelle discorde sur la question du Sahara occidental. La cause : le rapport du Commissaire paix et sécurité, l’Algérien Smaïl Chergui, soumis aux chefs d’État dimanche 28 janvier, qui contient, selon la diplomatie marocaine, des passages en contradiction avec le langage de l’ONU.
Certains paragraphes de ce rapport ont été rejetés par les Marocains, particulièrement les paragraphes 117 et 118. Ces derniers demandent aux chefs d’État africains d’exhorter le Maroc, pays membre de l’UA, d’accepter le retour de la mission de l’UA pour le Sahara occidental à Laâyoune. Cette mission, dirigée par le Mozambicain Joakim Albert Chissani, n’est pas reconnue par Rabat.
Les mêmes passages demandent l’instauration d’une mission de surveillance des droits de l’homme dans le territoire du Sahara, une question hautement sensible pour le Maroc, qui avait réussi à faire échouer un projet similaire à l’ONU en 2013.
Au sein du CPS, le Maroc compte faire barrage en amont
Également épinglé par les Marocains, un passage qui demande à la fondation suisse Crans Montana de ne plus organiser son forum annuel à Dakhla. « Cette conférence ne doit pas se tenir dans une ville située dans le Sahara occidental », lit-on dans ce document. Par conséquent, les États membres, la société civile et tous les acteurs africains « sont appelés à boycotter cet événement ».
Le rapport du Commissaire Smaïl Chergui n’est pas soumis au vote. Et les chefs d’État ne sont pas obligés de l’appliquer.
Selon les statuts de l’UA, il fait l’objet d’une simple prise de note, accompagnée des commentaires des pays membres. Vingt pays, tous amis du Maroc, ont émis des commentaires reproduisant les mêmes réserves marocaines.
L’enjeu n’était donc pas énorme, mais depuis leur adhésion à l’UA en janvier 2016, les Marocains se font un devoir de traquer toutes les expressions qu’ils considèrent comme étant en contradiction avec le langage de l’ONU.
À partir de mars prochain, date à laquelle le Maroc prendra officiellement son siège au sein du Conseil paix et sécurité (CPS), il compte agir en amont pour faire barrage à toute expression qui lui est hostile dans les rapports qu’il élabore.