Cyclisme – Gabon : le Rwandais Joseph Areruya remporte la Tropicale Amissa Bongo

Le jeune coureur, déjà vainqueur du Tour du Rwanda en novembre dernier, prend une nouvelle dimension en remportant la 13e édition du Tour du Gabon. Il devient le premier coureur africain à remporter la compétition sous les couleurs d’une équipe nationale.

Le Rwandais Joseph Areruya, vainqueur de la Tropicale Amissa Bongo, à côté du président du Gabon, Ali Bongo Ondimba © DR / La Tropicale Amissa Bongo

Le Rwandais Joseph Areruya, vainqueur de la Tropicale Amissa Bongo, à côté du président du Gabon, Ali Bongo Ondimba © DR / La Tropicale Amissa Bongo

Publié le 22 janvier 2018 Lecture : 4 minutes.

Sur le podium à Libreville, au terme de sept jours de course, Joseph Areruya semble heureux et montre enfin son émotion. Le jeune Rwandais est réservé, voire mutique et n’aime pas se livrer. Ovationné par le public gabonais qui l’a soutenu durant cette dernière étape disputée dans les rues de la capitale gabonaise, le coureur de 21 ans réalise un véritable exploit en remportant la 13ème édition de la Tropicale Amissa Bongo.

Il devient en effet le troisième coureur Africain à remporter l’épreuve, après l’Érythréen Natnael Berhane en 2014 et le Tunisien Rafaa Chtioui en 2015. Mais c’est le premier à le faire sous les couleurs d’une équipe nationale du continent. Coureur complet, c’est lors de la 4ème étape que Joseph Areruya a construit son succès, en s’imposant dans l’étape reine, très vallonnée et longue de 182 km.


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Le peloton lors de la dernière étape de la Tropicale © DR / La Tropicale Amissa Bongo

Le peloton lors de la dernière étape de la Tropicale © DR / La Tropicale Amissa Bongo

Il s’impose dans l’étape reine, devant les pros, et avec la manière. Il a impressionné du monde !

« Gagner une étape, c’est une chose, conserver le maillot jaune, s’en est une autre, avouait son coach Félix Sempoma, samedi matin au départ. Toute l’équipe a bien travaillé, et Joseph a su s’imposer devant deux des favoris [Niko Holler de Bike Aid, 3ème de l’épreuve l’an dernier et Damien Gaudin de Direct Energie], il a quelques secondes d’avance, il va falloir les conserver. Mais quoi qu’il arrive, nous avons réussi notre course. »

L’éclosion d’un jeune prodige

Et l’équipe du Rwanda avait de quoi être confiante, puisque son coureur a même réussi à consolider son avantage dans les deux dernières étapes. « C’est un coureur complet, qui passe partout, confirme Olivier Grandjean, organisateur du Tour du Rwanda sur lequel Areruya s’est révélé en novembre dernier. Je connaissais ses qualités, mais quand en début de la 4e étape, j’ai vu qu’il était déjà devant, j’ai eu peur qu’il paie ses efforts, surtout qu’il n’avait jamais parcouru une telle distance en course. Finalement il s’impose dans l’étape reine, devant les pros, et avec la manière. Je crois qu’il a impressionné du monde ! »

C’est le cas de Bernard Hinault, parrain de l’épreuve. Le quintuple vainqueur du Tour de France a été séduit par le tempérament du jeune Rwandais : « Il a réalisé un numéro exceptionnel. Depuis le départ lundi je constate que le cyclisme africain est en pleine évolution, la victoire de ce jeune garçon en est la preuve. En plus il n’est pas dans une équipe structurée comme les formations professionnelles, il a été très fort mentalement et a su gérer sa course. Morphologiquement et dans sa manière de courir, il me rappelle un peu le champion du monde Peter Sagan. En tout cas il a mérité sa victoire, et je pense qu’on sera amener à entendre parler de lui à nouveau, dans quelques années, sur les plus grandes courses d’Europe. »

La Tropicale, le baromètre du continent

Joseph Areruya a également impressionné Damien Gaudin, troisième au classement général final. Le Français de Direct Energie participait pour la première fois à la Tropicale.

« C’est atypique pour commencer une saison, je voulais absolument venir ici. C’est la première fois que je viens sur ce continent, et c’est une expérience très enrichissante, j’ai pu partager avec les coureurs africains et donner quelques conseils. Il y a une super ambiance et nous avons été très bien accueilli par le public. Le niveau est très relevé, et avec la chaleur, c’est parfait pour commencer la saison. J’espère bien revenir l’année prochaine. »

Joseph Areruya, vainqueur de la Tropicale © DR / La Tropicale Amissa Bongo

Joseph Areruya, vainqueur de la Tropicale © DR / La Tropicale Amissa Bongo

Pas moins de 11 coureurs africains figurent dans les 20 premières places du classement général final

La Tropicale confirme son rôle de baromètre du cyclisme africain, en permettant à l’élite du cyclisme amateur africain de se confronter à des coureurs professionnels, habitués aux plus grandes épreuves internationales.

C’est l’avis du Portugais Luis Loureiro, président du jury des commissaires sur l’épreuve : « C’est sans doute la meilleur organisation en Afrique, et le mélange entre pros et amateurs permet aux équipes africaines de s’améliorer d’années en années, et c’est très bien pour le cyclisme africain. »

Au delà de Joseph Areruya, qui « truste » logiquement les maillots de meilleur jeune et meilleur africain, l’Érythrée confirme également avec Tesfom Okubamaria, 2e de la Tropicale l’an dernier, qui remporte les classements du meilleur grimpeur et des points chauds.

Plus largement cette année, pas moins de 11 coureurs africains figurent dans les 20 premières places du classement général final, et quatre d’entre-eux ont moins de 23 ans. Des jeunes qui feront office de favoris dans 10 jours sur le Tour de l’Espoir, une nouvelle compétition organisée au Cameroun, première manche de la Coupe du Monde U23 de l’Union Cycliste Internationale.

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