L’œil de Glez : Condé et El-Béchir, présidents délestés…

Les coupures d’électricité intempestives que subissent les citoyens africains font également transpirer les chefs d’État. Ce mercredi, un président a vu sa parole coupée, tandis qu’un autre se voyait obligé de s’exprimer crûment…

 © Damien Glez pour Jeune Afrique

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Publié le 11 janvier 2018 Lecture : 2 minutes.

La problématique des délestages électriques est à ce point récurrente que Youssou Ndour, à l’approche de sa candidature avortée à une présidentielle, avait consacré au sujet une adaptation wolof et satirique du titre des Beatles «Ob-la-di, Ob-la-da». Face à des programmes d’investissements énergétiques généralement dépassés avant d’être opérationnels, c’est sans envie de rire que l’Africain moyen doit régulièrement se résigner à la pénombre.

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Black-out à Khartoum, coup de colère à Conakry

Sans envie de rire ? Un peu tout de même, mais jaune, sans doute, quand les plus hauts dignitaires du régime sont eux-mêmes victimes des coupures. Malmené par une grogne populaire contre ses récentes mesures d’austérité, le président du Soudan tentait, ce mercredi, de s’adresser à la Nation depuis la ville de Roseires, au sud de Khartoum.

C’était sans compter avec une interruption de la fourniture d’électricité, en pleine télédiffusion de sa parole. Africanews rapporte qu’une panne énergétique aurait entamé le fonctionnement des chaînes de télévision, remplaçant le visage présidentiel par un black-out…

Les Guinéens veulent le courant, mais ils ne veulent pas payer, dixit Alpha Condé

Inutile de chercher à faire taire, par contre, l’homologue guinéen d’Omar el-Béchir. Le « kôrô » de la politique africaine aime tant le « parler vrai » qu’il est parfois tenté d’en découdre avec des amphithéâtres entiers d’étudiants réclamant leurs tablettes promises.

C’est cette fois la question électrique qui l’a conduit à caresser ses compatriotes à rebrousse-poil. « Les Guinéens veulent le courant, mais ils ne veulent pas payer », a-t-il déclaré, en pleine visite du projet hydroélectrique de Souapeti. Une réponse directe à ses concitoyens qui manifestaient ces derniers jours à Conakry contre le déficit d’électricité qui impose à certaines zones du pays des coupures de 20 heures par jour.

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Lors d’une récente conférence de presse, le ministre guinéen de l’Énergie, Taliby Sylla, expliquait, à l’instar du premier magistrat du pays, que les Guinéens avaient la fâcheuse habitude de ne pas payer leurs factures de courant…

L’Afrique, continent le moins électrifié

État mauvais gestionnaire ou peuple mauvais payeur ? N’en déplaise à Akon et Jean-Louis Borloo – et leurs programmes « Akon Lighting Africa Electrification » et « Energies pour l’Afrique » – le continent est encore largement sous-électrifié. Une conférence organisée mi-novembre à Paris par Business France et GreenUnivers rappelait que le continent est le moins électrifié du monde, avec un taux de couverture moyen de 42%.

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>>> A LIRE – Électricité : clap de fin pour les ambitions africaines de Jean-Louis Borloo

Un chiffre qui cache mal de fortes disparités entre les pays et les régions. Si les pays du Maghreb, l’Égypte ou l’Afrique du Sud ont, sur ce critère, des résultats supérieurs à 90%, le Soudan du Sud en est à 4,5% et le Tchad à 8%. Quelque 620 millions d’Africains ruraux vivent carrément sans électricité.

Pourtant, la demande en consommation d’énergies progresse de 10 à 15% par an, en raison de la croissance économique et du rattrapage – malgré tout – en matière d’électrification. Pas sûr que l’Africain moyen soit convaincu par la promesse d’un prochain parc automobile massivement électrique…

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