Centrafrique : un an après la conférence des bailleurs, seuls 10 % des fonds promis ont été décaissés

Le 17 novembre 2016, à Bruxelles, des donateurs internationaux, au premier rang desquels l’Union européenne et la Banque mondiale, s’étaient engagés à verser plus de 2 milliards d’euros à la Centrafrique pour l’aider à financer son plan de redressement. Pourtant, selon le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra, seuls 250 millions de dollars ont été versés à ce jour. Explication.

Faustin Archange Touadera, le 17 janvier 2012 à Bangui. © Vincent Fournier/Jeune Afrique-REA

Faustin Archange Touadera, le 17 janvier 2012 à Bangui. © Vincent Fournier/Jeune Afrique-REA

Publié le 13 décembre 2017 Lecture : 2 minutes.

« Les décaissements sur l’année 2017 se montent à 138 milliards de francs CFA » (210 millions d’euros), a déclaré le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra à la radio Ndeke-Luka.

Pourtant, le 17 novembre 2016 à Bruxelles, les bailleurs de fonds s’étaient engagés à contribuer à hauteur de 2,2 milliards de dollars (1,9 milliard d’euros) au plan de redressement présenté par Bangui pour la période 2017-2021, et évalué à l’époque à 3,1 milliards de dollars. L’Union européenne avait ainsi promis 778 millions de dollars d’ici à 2020 – 450 de la Commission et 328 millions des États membres -, tandis que la Banque mondiale s’était engagée « au-delà des 500 millions de dollars » sur trois ans.

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Cet argent devait notamment permettre de remplir « les priorités des priorités, les actions d’extrême d’urgence », avait à l’époque expliqué le président Touadéra lors d’une conférence de presse, citant l’investissement dans l’armée et le désarmement des rebelles qui contrôlent encore « une bonne partie du territoire ».

Insécurité et difficulté de monter des projets

La République centrafricaine, classée parmi les pays les plus pauvres du monde, peine à se relever de la guerre civile provoquée en 2013 par le renversement de l’ex-président François Bozizé par les rebelles de la Séléka, majoritairement musulmans. Ce coup de force avait entraîné une contre-offensive des milices anti-balaka, majoritairement chrétiennes. Une intervention militaire internationale en 2014 avait permis un retour au calme dans la capitale Bangui.

Cependant, les violences émanant de groupes armés restent légion, et le pays est en proie depuis le mois d’août à une nouvelle flambée de violence. Si les régions les plus touchées sont le sud-est et le centre du territoire, Bangui n’est pas épargnée : sept morts et plus de 20 blessés ont ainsi été recensés dans la capitale le 11 novembre.

Si Nicolas Nganzé Doukou, coordonnateur permanent du Plan national de relèvement et de consolidation de la paix en Centrafrique (RCPCA), pointe l’insécurité parmi les difficultés auxquelles se heurte le décaissement de l’enveloppe promise, il évoque aussi la difficulté de mettre en place des projets et « les difficultés d’appropriation desdits projets par les ministères concernés ».

Mettre fin au climat d’impunité

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Dans une tribune publiée dans nos colonnes, Brad Brooks-Rubin, directeur des politiques à l’Enough Project, critiquait les « perfusions à fonds perdus » des bailleurs internationaux qui ne résolvent en rien les crises, et appelait la communauté internationale « à mettre fin au climat d’impunité » et à appliquer des « instruments de lutte contre les flux de financement illicites, incluant des sanctions financières envers ceux qui alimentent violence et corruption ».

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