C’est une grande première dans l’histoire pénale de la RDC. « Un politicien en poste est reconnu coupable, en tant que supérieur hiérarchique, des crimes commis par lui-même et la milice qu’il contrôlait et finançait », explique à Jeune Afrique Elsa Taquet de TRIAL international. Basée à Genève, l’ONG qui « lutte contre l’impunité des crimes internationaux et soutient les victimes dans leur quête de justice » a suivi de près le déroulement de ce procès historique ouvert début novembre à Kavumu, dans le territoire de Kabare, dans l’est du pays.
Dans son verdict qui était très attendu, la Cour militaire du Sud-Kivu a condamné à perpétuité, ce 13 novembre, le député provincial et chef milicien Frédéric Batumike et 10 autres prévenus pour « crimes contre l’humanité par viol » commis sur 37 petites filles âgées entre 18 mois et 12 ans durant la période allant de 2013 à 2016 à Kavumu et dans ses environs. « Outre les crimes de viols, les miliciens ont été condamnés pour leur participation à un mouvement insurrectionnel et le meurtre d’individus qui avait dénoncé leurs exactions », précise TRIAL international.
Viols de masse, crimes contre l’humanité
#RDC: Justice est faite pour les enfants de #Kavumu. Notre communiqué @PanziUsa @PH4R https://t.co/btSasGvgos
— TRIAL International (@Trial) December 13, 2017
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L’association se félicite également du fait que les juges congolais ont qualifié les crimes de viols de masse comme des « crimes contre l’humanité commis dans le cadre de la politique d’une milice ».
Tout cela a été possible notamment grâce aux « techniques d’enquêtes innovatrices qui ont permis de récolter des éléments de preuves médicao-légales d’une manière scientifique, méthodique et rigoureuse », commente Elsa Taquet.
La cour militaire a enfin prononcé une ordonnance en dommages-intérêts de 5 000 dollars américains à l’égard de 37 victimes de viols et de 15 000 pour les familles des personnes tuées.