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Sommet UA-UE : une nouvelle ère ?
À la veille du sommet UE-UA qui s’est tenu les 29 et 30 novembre à Abidjan, la chaîne américaine CNN nous a pris de court avec la diffusion de son reportage sur la vente aux enchères de migrants subsahariens en Libye. Le phénomène de l’esclavage et de la maltraitance des Noirs dans le Maghreb est ainsi venu s’imposer dans l’agenda du sommet UE-UA.
Le thème du sommet – « Investir dans la jeunesse pour un avenir durable» – était en soi ambitieux, parce que l’avenir de l’Afrique constitue le plus grand enjeu de la géopolitique mondiale. Alors qu’on évoque le boom démographique comme un problème, on sait pourtant que ces nombreux citoyens africains incarnent l’avenir tout en représentant une réelle opportunité économique.
Relayer la voix des peuples
À l’annonce de la tenue du sommet il y a quelques mois, personne ne pouvait imaginer que la question du rapatriement des jeunes Africains, pris au piège en Libye, allait occuper toutes les conversations. Ces mêmes jeunes, auxquels nous avons dédié le sommet, se trouvent ainsi au centre de courants sentimentaux contrariés, entre le refoulement forcé et la tentative de les impliquer dans un développement économique endogène, que l’on imagine gagnant-gagnant.
Le 5e sommet UE-UA a connu une intense activité interparlementaire
Il m’a semblé important de montrer à l’opinion publique que le 5e sommet UE-UA a connu une intense activité parlementaire – ou mieux, interparlementaire. Depuis de longs mois, le Parlement européen a travaillé d’arrache-pied pour essayer d’apporter la voix du peuple européen dans les pourparlers afin que, dans un contexte de poussée participative, ces pourparlers ne se limitent pas à une rencontre entre chefs d’État et de gouvernement.
Renforcer la légitimité des propositions
Cette dimension parlementaire des relations entre l’Europe et l’Afrique constitue un point fondamental d’échange entre les deux continents. Elle est le point de passage où les propositions, autrement individualistes, sont soumises à la critique des représentants des deux peuples, ce qui ne peut que renforcer leur légitimité.
La délégation du Parlement européen et celle du Parlement panafricain ont travaillé main dans la main pour soumettre aux chefs d’État un « appel » contenant onze recommandations, adopté lors du pré-sommet qui s’est tenu à Abidjan du 27 au 28 novembre. Ce texte vient en prélude à la dimension populaire qu’il faudra nécessairement donner aux rapports entre l’UE-UA.
Intensifier l’utilité populaire des accords
Aujourd’hui, l’Europe se caractérise par une prépondérance de gouvernements libéraux parmi les 28 États membres. Ceci entraîne une claire orientation libérale des options mises sur la table des discussions. L’orientation vers l’utilité populaire et non élitiste des accords, des conventions et des financements devient ainsi un impératif aussi bien pour les socialistes d’Europe que pour les représentants des peuples africains.
Veiller à ce que les accords soient bénéfiques en priorité aux personnes
Le rattachement de nos recommandations aux Objectifs de développement durable définis par les Nations unies témoigne de la nécessité de veiller à ce que les accords soient bénéfiques en priorité aux personnes.
L’UE a pris très au sérieux la préparation du sommet. En juin 2017, l’adoption d’un nouveau texte sur la coopération, dit le « nouveau consensus européen pour le développement », a tenté d’inciter tous les pays européens à se mettre en relation avec l’Afrique dans un cadre cohérent. Cette unification des politiques de coopération internationale a connu une implication plus intense des pays engagés.
Ouvrir l’ère de la collaboration et du partenariat
Le Parlement européen a adopté une résolution en un temps record, dans laquelle il affirme et oriente les relations avec l’Afrique dans le sens de la parité et de l’égalité. Les débats qui ont précédé l’adoption du texte ont ainsi mis en évidence la détermination de certains élus européens à tourner la page de la domination que les Africains dénoncent, pour ouvrir l’ère de la collaboration et du partenariat.
En Afrique, nous savons que l’Europe n’est plus l’unique partenaire possible. Ceci devrait être un avantage pour les pays africains qui doivent saisir une telle occasion pour mieux négocier leurs accords, les orientant au bénéfice de leurs populations. C’est en tout cas mon souhait, parce qu’au-delà des kermesses, les textes des accords doivent assurer le bien-être des Africains.