RDC : manifestations dispersées, l’opposant Martin Fayulu brièvement arrêté

L’opposition ainsi que plusieurs mouvements citoyens avaient appelé jeudi à une journée de mobilisation contre le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila. Les rassemblements – interdits par les autorités – ont été systématiquement dispersés et plusieurs membres du Rassemblement de l’opposition (Rassop) ont été arrêtés.

L’opposant Martin Fayulu, le 18 septembre 2016 à Kinshasa. © Gwenn Dubourthoumieu pour JA

L’opposant Martin Fayulu, le 18 septembre 2016 à Kinshasa. © Gwenn Dubourthoumieu pour JA

Publié le 30 novembre 2017 Lecture : 3 minutes.

La journée de manifestations s’est déroulée sous haute tension, ce jeudi. En dépit de l’interdiction des rassemblements par les autorités, l’opposition avait choisi de maintenir son appel à protester à travers le pays contre le maintien au pouvoir de Joseph Kabila, dont le mandat a pris fin le 20 décembre 2016.

Mercredi soir, une ultime tentative de conciliation d’une délégation du Rassemblement de l’opposition (Rassop) avec André Kimbuta, le gouverneur de Kinshasa, a échoué. Ce dernier a interdit la marche.

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Arrestations de deux cadres du Rassop

Un important dispositif de sécurité avait été déployé à Kinshasa et dans plusieurs villes à travers le pays pour étouffer toute velléité de manifester. La journée a été marquée par l’arrestation de deux cadres du Rassop, Jean-Marc Kabund, secrétaire général de l’UDPS, et Martin Fayulu, responsable de la mobilisation au sein du Rassemblement de l’opposition (Rassop).

Le chef de la police de Kinshasa, le général Sylvano Kasongo, a confirmé l’arrestation d’une dizaine de membres du rassemblement de l’opposition.

Les deux leaders de l’opposition s’apprêtaient à rejoindre le siège de l’UDPS, « point de rendez-vous que nous nous étions donné pour commencer la marche qui devait nous mener jusqu’au boulevard Triomphale », précise Martin Fayulu, joint par Jeune Afrique, lorsqu’ils ont été interpellés violemment par les forces de l’ordre.

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Les deux membres de l’opposition ont été transférés au commissariat de Limete, une commune de Kinshasa, pour y être interrogés. Martin Fayulu et Jean-Bertrand Ewanga, du Rassemblement de l’opposition, tous deux députés, ont été libérés en début d’après-midi par la police kinoise, précise le responsable de la mobilisation au sein du Rassop.

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Calendrier électoral validé

« Ce qui s’est passé aujourd’hui est intolérable, toute la ville a été militarisée pour nous empêcher de nous réunir pacifiquement. Nous sommes fatigués par les gesticulations du pouvoir pour nous faire taire. Il ne faut pas que la communauté internationale se laisse distraire et qu’elle agisse enfin », lance Augustin Kabuya, porte-parole de l’UDPS contacté par téléphone par Jeune Afrique.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a entériné mardi le nouveau calendrier électoral en République démocratique du Congo prévoyant une présidentielle le 23 décembre 2018. Un calendrier critiquer unanimement par l’opposition qui, à l’image de Moïse Katumbi le qualifie de « fantaisiste ».

En vertu de l’accord du 31 décembre 2016 décidé entre le gouvernement et l’opposition, une présidentielle aurait dû être organisée avant la fin de l’année 2017. Le pouvoir a mis en avant la situation sécuritaire et des problèmes matériels pour justifier leur décision de n’organiser le prochain scrutin qu’en 2018. La Constitution de 2006 autorise le maintien au pouvoir de Joseph Kabila tant que son successeur n’a pas été élu.

« Le pouvoir est aux abois »

Pour Martin Fayulu, « la journée d’aujourd’hui montre que le pouvoir est aux abois. La communauté internationale doit réaliser qu’elle a un menteur en face d’elle. Elle a validé ce calendrier mais nous, nous n’en voulons pas. L’accord du 31 décembre stipulait que Kabila devait quitter le pouvoir avant la fin de l’année ».

Lundi, l’influent épiscopat congolais a exhorté le président Joseph Kabila « à rassurer l’opinion par une déclaration publique » qu’il ne sera pas candidat à sa propre succession. Les rassemblements dans d’autres autres grandes villes du pays, à Goma, Beni ou encore Lubumbashi, ont également été dispersés par un important dispositif policier.

Le porte-parole du gouvernement n’était pas joignable. Mais pendant toute cette journée, les partisans du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD, au pouvoir) se sont employés à relativiser l’impact des appels à manifester. « Contrairement à l’appel lancé par l’opposition politique [le PPRD] poursuit ses rencontres selon l’horaire de travail bien établi », pouvait-on ainsi lire sur le compte Twitter officiel du PPRD.

« La ville est calme », a pour sa part assuré Patrick Nkanga Bekonda, président de la ligue des jeunes du PPRD.

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