Esclavage en Libye : Emmanuel Macron parle de « crimes contre l’Humanité »

Après la diffusion d’images d’un marché aux esclaves de migrants africains en Libye, le président de la République Emmanuel Macron a demandé une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies pour aborder la question de ces ventes qu’il qualifie de « crimes contre l’Humanité ».

Le président français Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse à Bucarest, en août 2017. © Vadim Ghirda/AP/SIPA

Le président français Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse à Bucarest, en août 2017. © Vadim Ghirda/AP/SIPA

Publié le 21 novembre 2017 Lecture : 3 minutes.

Emmanuel Macron a réagi mercredi au documentaire choc diffusé la semaine dernière par la chaîne de télévision américaine CNN, qui a démontré l’existence d’un marché aux esclaves près de Tripoli. Le président français a qualifié ces ventes d’esclaves de « crimes contre l’Humanité », assurant à l’issue d’un rendez-vous avec son homologue guinéen, le président de l’Union africaine Alpha Condé, que « la dénonciation de la France était sans appel ».

Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a également pris la parole mercredi devant l’Assemblée nationale pour annoncer que la France avait demandé une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies au sujet de la vente de migrants africains comme esclaves en Libye.

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« Nous souhaitons que le Conseil de sécurité s’entoure des avis publics de l’Organisation internationale des migrations et du Haut commissariat aux réfugiés, pour que ces deux organismes des Nations unies rendent public l’état réel de la situation en Libye, dont fait partie la traite des migrants », a expliqué le ministre.

Le Niger a convoqué l’ambassadeur libyen

Depuis la diffusion des images, de nombreuses personnalités politiques ou issues de la société civile, mais aussi des footballeurs célèbres, se sont depuis fait entendre, et certains pays sont passés aux actes, comme le Niger qui a convoqué l’ambassadeur libyen à Niamey ce 20 novembre pour explication.

Le ministère des Affaires étrangères du Rwanda a réagi dans un communiqué publié mercredi, estimant que le Rwanda ne peut pas « rester silencieux alors que des êtres humains se font maltraiter et vendre comme du bétail ».   « Le Rwanda n’a pas la prétention de pouvoir accueillir tout le monde, mais la porte est grande ouverte », ajoute le communiqué.

Le président du Burkina Faso a décidé, lui, du rappel de l’ambassadeur à Tripoli, le général Abraham Traoré, pour consultation « après le choc d’images de traite négrière en Libye », a déclaré ce 20 novembre le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Alpha Barry.

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Un dossier prioritaire avant le sommet d’Abidjan

Le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a « demandé que l’ambassadeur revienne pour le « briefer » sur ce qui se passe en Libye pour qu’il ait toutes les informations nécessaires avant le sommet d’Abidjan qui va se pencher sur cette situation en Libye », a-t-il ajouté. La Côte d’Ivoire accueille en effet les 29 et 30 novembre prochain à Abidjan un sommet Union africaine (UA) Union européenne (UE).

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La RDC a pris une décision similaire, rappelant son ambassadeur en Libye mardi. Kinshasa veut connaître « la situation réelle » en Libye et conduire au besoin « une mission de rapatriement » si des Congolais sont concernés, explique un communiqué du ministre des Affaires étrangères, Léonard She Otekitundu. Le ministre souhaite « que la question migratoire soit prioritairement inscrite à l’ordre du jour du prochain sommet Afrique-Europe qui se tiendra à Abidjan ».

« L’esclavage n’a pas sa place dans notre monde »

Plus tôt dans la matinée, le chef de la diplomatie burkinabè a « convoqué le chargé d’affaires libyen à Ouagadougou pour lui exprimer toute l’indignation du gouvernement et du peuple burkinabè face aux images qui ont été vues, des images qui appartiennent à d’autres siècles, des images de traite négrière ».

Lire aussi >>> En Libye, on vend des migrants africains sur des « marchés aux esclaves »

Depuis 2011, 1 912 migrants burkinabè ont été rapatriés au Burkina, dont une dernière vague de 121 personnes en octobre dernier, selon des chiffres officiels. À ce jour, une trentaine d’autres seraient toujours détenus dans des camps en Libye, selon le gouvernement burkinabè.

Le 20 novembre, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est quant à lui dit « horrifié » par les révélations récentes de marché aux esclaves en Libye, jugeant que ceux qui en sont à l’origine pourraient être traduits en justice pour de possibles crimes contre l’humanité.

« L’esclavage n’a pas sa place dans notre monde et ces actes figurent parmi les abus les plus flagrants des droits de l’Homme », a-t-il déclaré.

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