Zimbabwe : ce que l’on sait de la situation à Harare

Le président sud-africain Jacob Zuma a pu s’entretenir par téléphone avec Robert Mugabe ce mercredi matin. Ce dernier est « détenu mais va bien », selon la présidence sud-africaine. Alors que des officiers de l’armée ont annoncé être intervenus dans la nuit pour éliminer des « criminels » proches du président zimbabwéen, la situation reste très confuse à Harare.

Un véhicule blindé à Harare, capitale du Zimbabwe, ce mercredi 15 novembre 2017. © AP/SIPA

Un véhicule blindé à Harare, capitale du Zimbabwe, ce mercredi 15 novembre 2017. © AP/SIPA

Publié le 15 novembre 2017 Lecture : 3 minutes.

Robert Mugabe a affirmé mercredi matin au téléphone à son homologue sud-africain Jacob Zuma qu’il était détenu par l’armée, affirment les autorités sud-africaines. « Le président Zuma s’est entretenu plus tôt aujourd’hui avec le président Robert Mugabe, qui lui a dit qu’il était détenu à son domicile mais a ajouté qu’il allait bien », précise un communiqué de la présidence sud-africaine.

Quelques heures auparavant, l’armée, qui a pris le contrôle de plusieurs points névralgiques du pays, avait annoncé à la télévision nationale que Robert Mugabe était « sain et sauf ». « Nous assurons à la nation que son Excellence le président (…) et sa famille sont sains et saufs et que leur sécurité est garantie », a affirmé dans la nuit le général Sibusiso Moyo, sans toutefois révéler se trouvait le chef de l’État.

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Peu de temps auparavant, vers minuit GMT, des échanges de coups de feu avaient été entendus pendant quelques minutes aux abords de la résidence de Robert Mubage, 93 ans. « Nous ne faisons que viser les criminels qui l’entourent », a pour sa part affirmé le général lors de son allocution télévisée, réfutant tout coup d’État militaire. « Dès que notre mission sera accomplie, nous nous attendons à ce que la situation retourne à la normale », a-t-il ajouté.

Selon Reuters, citant une source gouvernementale, le ministre des Finances, Ignatius Chombo, partisan de la « G40 » [« Génération 40 », nom donné au clan de Grace Mugabe au sein du parti présidentiel, la Zanu-PF], aurait été interpellé.

Robert Mugabe et sa femme Grace lors d'un rassemblement du Zanu-PF, le 8 novembre 2017. © AP/SIPA

Robert Mugabe et sa femme Grace lors d'un rassemblement du Zanu-PF, le 8 novembre 2017. © AP/SIPA

  • L’armée contrôle plusieurs points névralgiques à Harare

Après cette nuit agitée, la situation restait très confuse mercredi matin. À l’aube, des chars militaires déjà déployés dans les rues de la capitale se sont positionnés près du Parlement, y établissant des barrages. Des blindés contrôlent également les accès au siège du parti au pouvoir et aux bureaux où le président Robert Mugabe réunit d’habitude son gouvernement.

Si l’armée a pour l’heure démenti tout coup d’État, son intervention sur la scène politique zimbabwéenne, qui plus est à l’encontre de Robert Mugabe, est inédite. Une première qui inquiète bon nombre d’observateurs, à l’image de cet analyste à la firme britannique EXX Africa Risk Consultancy. « Le silence du gouvernement après les déploiements militaires tend à confirmer que le président Mugabe a perdu le contrôle de la situation », a estimé Robert Besseling, cité par l’AFP.

  • Pourquoi ces officiers sont-ils intervenus ?
Le général Constantino Chiwenga, commandat en chef des armées du Zimbabwe, lors d'une conférence de presse le 13 novembre. © Tsvangirayi Mukwazhi/AP/SIPA

Le général Constantino Chiwenga, commandat en chef des armées du Zimbabwe, lors d'une conférence de presse le 13 novembre. © Tsvangirayi Mukwazhi/AP/SIPA

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Le climat politique s’est considérablement dégradé la semaine dernière après le limogeage du vice-président Emmerson Mnangagwa. Présenté comme le successeur logique de Robert Mugabe, ce dernier a été démis de ses fonctions le 6 novembre, après un bras de fer avec sa rivale dans la course à la succession : la première dame, Grace Mugabe.

C’était compter sans les liens étroits que Emmerson Mnangagwa entretient avec de hauts gradés militaires. Mardi, le chef de l’armée zimbabwéenne est ainsi sorti de sa traditionnelle réserve pour exiger que « la purge actuelle » cesse « immédiatement ». « Nous devons rappeler à ceux derrière ces dangereuses manigances que lorsqu’il s’agit de protéger notre révolution, l’armée n’hésitera pas  à intervenir », a-t-il martelé face à 90 hauts responsables de l’armée.

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En réponse, le parti présidentiel a accusé mardi le chef de l’armée de « conduite relevant de la trahison » et dénoncé sa volonté de « perturber la paix nationale ». Depuis, Harare bruissait de rumeurs sur le futur limogeage du chef de l’armée zimbabwéenne.

  • Jacob Zuma contre un changement de régime « inconstitutionnel »

Premier à réagir dans la sous-région, le président sud-africain a fait part de sa préoccupation. Jacob Zuma a « appelé au calme et à la retenue et exprimé l’espoir que les développements au Zimbabwe n’amènent pas un changement inconstitutionnel de gouvernement », a déclaré la présidence sud-africaine dans un communiqué. L’Afrique du Sud a par ailleurs annoncé l’envoi de deux de ses ministres à Harare, celle de la Défense, Nosiviwe Mapisa-Nqakula, et celui de la Sécurité d’État, Bongani Bongo, pour « rencontrer le Président Robert Mugabe et les Forces de défense zimbabwéennes ».

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