Des députés français constatent le retour de l’Égypte sur la scène africaine

Première visite du genre depuis l’élection d’Abdel Fatah al-Sissi, une délégation de six députés français s’est rendue au Caire du 15 au 19 juillet. Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, y a aussi fait une escale rapide pour soutenir l’initiative égyptienne dans la résolution du conflit israélo-palestinien.

Abdel Fatah al-Sissi, au sommet de l’Union africaine, le 26 juin 2014. © AFP

Abdel Fatah al-Sissi, au sommet de l’Union africaine, le 26 juin 2014. © AFP

Publié le 20 juillet 2014 Lecture : 3 minutes.

Depuis la destitution du président islamiste Mohamed Morsi, le 30 juin 2013, aucune visite officielle française n’avait été effectuée au Caire. Le dernier déplacement d’un ministre remontait à septembre 2012.

Le déplacement des 6 députés français, qui a été doublé de la visite expresse de Laurent Fabius, était ainsi destinée à rétablir le dialogue avec la grande puissance moyen-orientale, qui gardait un goût amer de cette distance française.

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« Nous ne sommes pas venus en Egypte pour donner des leçons mais pour écouter, comprendre et faire passer un message d’amitié », précise Philippe Folliot (UDI), député du Tarn et président du groupe d’amitié France-Égypte à l’assemblée nationale.

Les six députés français de cette délégation (Folliot, Georges Fenech (UMP), Jean-Claude Guibal (UMP), Jean-Luc Reitzer (UMP), Marie Récalde (PS), Gwendal Rouillard (PS)) se sont entretenus plus d’une heure avec le chef de l’État égyptien, Abdel Fatah al-Sissi, le 17 juillet qui a d’emblée tenu à préciser sa pensée sur la question des droits de l’homme et les condamnations de masse prononcées par des tribunaux. « Les droits de l’homme, c’est quoi pour vous ? D’abord, il faut le droit à l’éducation, à la santé, à la sécurité…», a-t-il expliqué aux députés français. « L’armée se retournera contre moi si je vais à l’encontre du peuple », a-t-il coutume de répéter.

Sissi soutient l’intervention française au Sahel et réaffirme la présence égyptienne dans les opérations de maintien de la paix

La sécurité et le développement économique d’abord, tel est en substance le discours tenu par l’homme fort de l’Egypte qui a exprimé derechef sa principale préoccupation: la lutte contre le terrorisme. Et si l’ancien président soutenu par les Frères musulmans Mohamed Morsi avait fermement dénoncé l’intervention française au Mali, Sissi a tenu à souligner son soutien à la France dans cette guerre contre le terrorisme et sa volonté de contribuer aux opérations de maintien de la paix en Afrique.

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Il a tenu à mettre en garde Paris contre le retour des jihadistes partis en Syrie et a souligné la gravité de la situation sécuritaire en Libye.

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"Nous avons pu constater le retour de l’Égypte sur la scène régionale et c’est indispensable pour la stabilité", souligne Gwendal Rouillard, membre de la commission de la Défense nationale et des Forces armées de l’Assemblée nationale, auteur d’un rapport sur le dispositif militaire en Afrique.

Emmanuel Dupuy, président de l’institut Sécurité et prospective en Europe qui participe à la délégation parlementaire au Caire, ajoute: "Le retour de l’Égypte sur la scène africaine exprimé par Sissi lors du 23è sommet de l’Union africaine a maintenant besoin d’être accompagné d’actes concrets. On assiste à la première étape de l’agenda africain de l’Égypte."

Soutien français à l’initiative égyptienne de cessez-le-feu à Gaza

Le 18 juillet, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a fait une étape surprise au Caire en provenance d’Abidjan pour plaider un cessez-le-feu "urgent et impérieux" à Gaza et réaffirmer son soutien à l’incertaine initiative égyptienne pour une trêve dans le conflit israaélo-palestinien.

Avec Fabius, les députés français ont pu partager leurs vues et analyses et exprimer leur volonté d’exaucer le voeu égyptien de voir modifier les consignes aux voyageurs du ministère des Affaires étrangères, jugées strictes, qui freinent considérablement la venue de touristes français en Égypte. Un enjeu considérable pour l’économie du pays.

Joan Tilouine, envoyé spécial

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