En avril 2017, « les miliciens Bana Mura ont exécuté sommairement au moins 64 personnes, dont 9 femmes et 21 enfants, et violé au moins 41 femmes et 2 enfants », a déclaré Abdoul Aziz Thioye, chef adjoint du Bureau conjoint de l’ONU aux droits de l’Homme (BCNUDH) lors d’une conférence de presse. La présentation de ce rapport est intervenue alors que l’ambassadrice des États-Unis à l’ONU, Nikki Haley, arrivait à Kinshasa pour une visite de deux jours.
« Ces atteintes ont été parfois commises avec le soutien actif de militaires des Forces armées de la République démocratique du Congo qui, dans certains cas ont été directement responsables de l’exécution extra-judiciaire d’au moins 17 civils, dont un enfant », a-t-il ajouté. Selon le BCNUDH, ces violences ont été commises entre le 14 et le 26 avril 2017 « dans le cadre d’opérations de traque des membres de la milice Kamwina Nsapu et d’une campagne de représailles contre les communautés lulua et luba ».
Plus de 3 000 morts en un an
Les autorités congolaises n’ont pu être jointes dans l’immédiat pour réagir à ces nouvelles accusations visant l’armée congolaise. En juin, le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, avait déjà accusé les autorités de la RDC d’armer cette milice qui menait, selon lui, d’ « horribles attaques » contre des civils dans le Kasaï.
« Je suis consterné par la création et l’armement d’une milice, Bana Mura, qui soutiendrait les autorités dans la lutte » contre la rébellion Kamwina Nsapu, « mais qui a mené des attaques horribles contre des civils des groupes ethniques luba et lulua », avait alors déclaré le haut-commissaire de l’ONU.
Depuis le début des violences, déclenchées en septembre 2016 après la mort du chef traditionnel Kamwina Nsapu, le Kasaï a été secoué par des violences impliquant miliciens, policiers et soldats. En un an, elles ont fait plus de 3 000 morts et causé le déplacement de 1,4 million de personnes.