Présidentielle kényane : une trentaine de morts dans les violences post-électorales

Au moins de 37 personnes sont mortes dans les violences qui ont suivi l’annonce de la réélection contestée d’Uhuru Kenyatta au Kenya avant que le scrutin ne soit annulé. C’est le constat que dresse la Commission des droits de l’homme, qui pointe une répression surtout concentrée dans les zones qui ont voté pour son concurrent Raila Odinga.

Le président kényan Uhuru Kenyatta lors d’un meeting dans la banlieue de Nairobi, le 5 septembre 2017. © Ben Curtis/AP/SIPA

Le président kényan Uhuru Kenyatta lors d’un meeting dans la banlieue de Nairobi, le 5 septembre 2017. © Ben Curtis/AP/SIPA

Publié le 9 octobre 2017 Lecture : 2 minutes.

Une trentaine de personnes sont mortes, victimes de répression policière, dans la foulée de la dernière élection présidentielle kényane, dénonce un récent rapport de la Commission nationale kényane des droits de l’homme.

Avant son annulation par la Cour suprême le 1er octobre, l’annonce de la réélection contestée du président sortant Uhuru Kenyatta le 8 août dernier avait suscité des protestations, souvent réprimées dans la violence.

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De nombreux Kényans, dont le candidat malheureux Raila Odinga et sa super-coalition politique la Nasa, contestaient le résultat du scrutin. Après la décision de la plus haute cour du pays, un nouveau vote a finalement été fixé au 26 octobre prochain.

Sur les 37 décès recensés par la Commission des droits de l’Homme, pas moins de 35 personnes sont mortes en raison d’un « usage excessif de la force » par la police dans la semaine qui a suivi l’annonce du résultat du scrutin, entre le 9 et le 15 août derniers. Les deux autres personnes ont été victimes d’« agressions ».

Intitulé « Mirage au crépuscule », le rapport de 260 pages de la Commission des droits de l’homme documente ces morts violentes recensées dans les régions acquises à l’opposition un peu partout au Kenya.

Précédent de 2007

Si la majorité des victimes sont des adultes, sept d’entre elles étaient mineures. La plus jeune est une enfant âgée d’à peine six mois : elle est décédée après avoir été battue à mort par la police qui s’était introduit chez ses parents de nuit après une manifestation à Kisumu, une ville de l’ouest du Kenya connue comme étant un bastion de l’opposition.

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Sans se prononcer, les auteurs du rapport pointent le fait que la répression visait d’abord certaines catégories de la population. « Alors que la Commission n’a pas réussi à déterminer si l’usage de la force était prédéterminé et ciblé, écrivent-ils, il est clair d’après nos analyses que la majorité des victimes appartiennent à une seule communauté ethnique et vivent dans l’habitat informel ».

Les bidonvilles acquis à Odinga particulièrement ciblés

De fait, la plupart des personnes décédées étaient d’ethnie Luo, le troisième groupe ethnique du pays, et vivaient dans les bidonvilles de Nairobi ou dans l’ouest du Kenya, zones acquises à Raila Odinga, lui-même d’origine luo.

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Le Kenya connaît un douloureux précédent, quand d’autres violences post-électorales, entre 2007 et 2008, avaient fait près de 1 500 victimes, dans la foulée d’un scrutin dont Raila Odinga était aussi sorti perdant. Cette fois-ci, les mouvements de protestation ont été globalement plus isolés.

Mais la crise politique est loin de tendre vers un règlement. Raila Odinga a en effet menacé de boycotter le scrutin du 26 octobre et promis des manifestations de masse jusqu’à la démission de la commission électorale, accusée de fraude et d’irrégularités dans l’organisation du vote.

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