Start-up de la semaine : Optimetriks, la collecte de données pour mieux piloter la distribution des entreprises

Installée à Nairobi et Paris, Optimetriks entend fournir aux entreprises des données de qualité, pour les aider à affiner leur stratégie commerciale. Une prestation qui repose sur un modèle original de crowdsourcing par mobile.

Un utilisateur d’Optimetriks prend des photos chez un commerçant à l’aide de son smartphone. © DR

Un utilisateur d’Optimetriks prend des photos chez un commerçant à l’aide de son smartphone. © DR

Publié le 20 septembre 2017 Lecture : 3 minutes.

Sur le continent africain, jusqu’à 90 % de la distribution relève du secteur informel ou traditionnel, estime le Bureau international du travail. Résultat : les entreprises dans le secteur de la grande consommation peinent à disposer de données fiables, qui leur permettraient de mieux définir leur stratégie commerciale. « À cause de cette asymétrie d’informations, il y a toujours un décalage entre les prévisions des entreprises et la réalité, explique Paul Langlois-Meurinne, directeur général de la société Optimetriks. Et c’est précisément là que nous intervenons. »

Cofondée en 2015 par Marc de Courcel et Augustin de Choulot, cette société entend mettre à disposition des entreprises « des données sur leur part de marché, la visibilité de leurs produits, la conformité des prix, le nombre de points de vente, énumère-t-il. De la data brute, affinée ensuite sous forme de tableau de bord dynamique pour répondre aux besoins de nos clients. » Le business model a convaincu une dizaine d’entreprises, dont certains grands groupes comme L’Oréal ou Total.

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Une communauté de 1 500 utilisateurs

Pour expliquer le bien-fondé de ses prestations, Paul Langlois-Meurinne cite l’exemple d’un fabricant de savon qui avait baissé le prix de son produit, sans que cela ne se traduise par un accroissement de ses ventes. « En faisant une enquête sur le terrain, on s’est rendu compte que 40 % des boutiquiers n’avait pas répercuté cette baisse, explique-t-il. Ils en avaient fait une marge supplémentaire. »

Pour récolter les données brutes, Optimetriks compte sur une « communauté » de 1 500 utilisateurs, pour l’essentiel des étudiants ou des boutiquiers répartis sur neuf pays, mis à contribution via une application sur leur smartphone. « Après une courte formation de deux ou trois jours, des missions leur sont proposées, avec un questionnaire détaillé – généralement, quatre ou cinq questions, explique Paul Langlois-Meurinne. On les envoie ensuite comme “clients mystère” sur le terrain pour relever les informations. »

Les fraudeurs automatiquement exclus

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Ce modèle de crowdsourcing par téléphone a l’avantage de la rapidité et de l’économie de moyens. Revers de la médaille : il faut s’assurer que la tâche a bien été effectuée. Pour cela, les contributeurs doivent également prendre des photos des lieux visités et faire des relevées GPS, tandis que l’équipe d’Optimetriks vérifie la cohérence des informations.  

« S’ils jouent le jeu, ils sont bien payés, note Paul Langlois-Meurinne. Quant aux fraudeurs, ils sont automatiquement exclus de la communauté. C’est une façon pour nous de les responsabiliser et de s’assurer de la qualité des données récoltées. » En moyenne, les utilisateurs, rétribués grâce au mobile money, peuvent espérer gagner de 20 à 50 dollars par mois – un plafond fixé « pour freiner les ardeurs des uns et des autres ».

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Un chiffre d’affaire de 500 000 euros

Ces douze derniers mois, Optimetriks a réalisé un chiffre d’affaires d’environ 500 000 euros et affirme être bénéficiaire. Entre ses bureaux à Nairobi et à Paris, la société compte désormais une quinzaine de salariés. Mais le parcours a été laborieux depuis 2015 où, de l’aveu de son DG, « la société se cherchait encore un peu ». « On a bénéficié d’une subvention de 250 000 euros de la part d’un dispositif de la GSMA, qui récompense les innovations liées au smartphone en Afrique », précise-t-il.

Des fonds bienvenus pour s’atteler à certains projets de développement, comme la création par son équipe d’informaticiens d’un chat bot – un robot avec lequel les contributeurs de la start-up pourront interagir directement – sur l’application Messenger de Facebook. « Imaginons qu’on veuille recruter des jeunes âgés de 18 à 25 ans au Maroc, explique Paul Langlois-Meurinne. Une publicité va s’afficher sur leur profil Facebook pour les inciter à engager une conversation avec le chat bot. » Avec à la clef un double avantage : celui de bénéficier à l’avenir d’un panel beaucoup plus large et mieux ciblé.  

À l’affût des marchés nigérian et ivoirien

Pour les années à venir, l’appétit d’Optimetriks repose sur un constat simple : durant la prochaine décennie, les spécialistes estiment que la consommation des ménages dans les huit premières économies du continent va connaître une croissance annuelle de 5 %. Soit autant d’opportunités de business pour la société, qui lorgne vers les marchés nigérian et ivoirien après s’être longtemps cantonnée à l’Afrique de l’Est.

« C’est une région que l’on connaissait déjà, avec une certaine sensibilité aux nouvelles technologies et où sont concentrés les sièges des multinationales, explique Paul Langlois-Meurinne. Mais on souhaite maintenant s’étendre vers d’autres pays du continent. » Pour cela, la start-up va entamer d’ici la fin de l’année une levée de fonds auprès d’investisseurs, avec pour objectif de récolter entre 500 000 et un million d’euros.

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