Gabon : qui est Pierre-Claver Maganga Moussavou, l’opposant nommé vice-président par Ali Bongo Ondimba ?

Ce n’est qu’une demi-surprise. Alors que l’on pouvait attendre René Ndemezo’o Obiang, c’est finalement l’autre représentant de l’opposition au dialogue politique national, Pierre-Claver Maganga Moussavou, qui a été nommé lundi au poste de vice-président. Portrait.

Pierre-Claver Maganga Moussavou, à Paris, le 27 juillet 2016. © Vincent Fournier/Jeune Afrique-REA

Pierre-Claver Maganga Moussavou, à Paris, le 27 juillet 2016. © Vincent Fournier/Jeune Afrique-REA

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Publié le 22 août 2017 Lecture : 3 minutes.

Les Gabonais, à force de voir Ali Bongo Ondimba gouverner seul, en auraient presque oublié que le poste de vice-président a parfois rythmé la vie politique de leur pays. Supprimé en 2009, celui-ci vient pourtant de faire son retour, à la faveur d’un remaniement officialisé dans la soirée du 21 août, qui a vu Pierre-Claver Maganga Moussavou succéder à Didjob Divungi Di Ndinge (1997-2009), Léon Mébiame (1968-1975) ou un certain Omar Bongo Ondimba (1966-1967).

Simple fonction honorifique, destinée à récompenser la participation de l’intéressé au dialogue politique national ? Selon la Constitution, « le vice-président de la République supplée le président de la République dans les fonctions que celui-ci lui délègue ». Le nouvel occupant du poste, contacté par Jeune Afrique, « souhaite avant tout être un collaborateur loyal du président de la République », « avec doigté et détermination », précise-t-il. Mais, surtout, avec une dose de contorsion.

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Ministre et opposant

À 65 ans, Pierre-Claver Maganga Moussavou est en effet un fin navigateur du marigot politique gabonais. « Parfois, il est opposant, parfois il va à la mangeoire des Bongo », persifle un habitué du sérail. Candidat à la présidentielle à trois reprises, en 1993, 1998, 2009 et 2016, opposé à Omar Bongo Ondimba dont il a toutefois été conseiller, puis à son fils Ali, il n’en a pas moins fait son apparition au gouvernement à de multiples reprises.

Ministre d’État chargé de la Planification après le scrutin de 1993, il quitte le gouvernement à la suite des Accords de Paris. De nouveau candidat à la présidence cinq ans plus tard, il attend 2002 pour revenir aux affaires gouvernementales, dans une logique d’ouverture. Rapidement remercié, il est une nouvelle fois appelé en 2004, occupant successivement le ministère de la Refondation, des Transports puis de l’Aménagement du Territoire, jusqu’en 2008.

Une dynastie Maganga Moussavou ?

Le président du Parti social démocrate, qu’il a créé en 1990, a donc appris à se mouvoir dans les couloirs des palais de la République. Et, comme beaucoup dans les hautes sphères gabonaises, ce diplômé de la Sorbonne, ancien du Fonds monétaire international, n’y évolue pas seul, mais en famille.

Il dirige en effet le Parti social démocrate avec sa compagne, Albertine Maganga Moussavou, députée et présidente du groupe parlementaire dit « Les démocrates » à l’Assemblée nationale, composé des députés du PSD, de l’Union nationale, de l’Union pour la nouvelle République (UPNR) et de l’Alliance pour la renaissance nationale (ARENA).

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Mais la « dynastie familiale », qui n’a certes pas l’ampleur des Bongo, Mba ou Gondjout, ne serait pas complète si l’on venait à oublier le fils, Biendi Maganga Moussavou, 43 ans. Banquier de formation, lui aussi passé par le FMI, il est nommé en octobre 2016 à la tête du ministère de la Promotion des petites et moyennes entreprises, chargé de l’entrepreneuriat national, alors même qu’ABO s’ingénie à rallier à lui des figures de l’opposition. Le « timing » en laissera plus d’un songeur.

Mettre en place les propositions du dialogue

Tout puissant dans son parti, disposant du relais de sa femme à l’Assemblée et de son fils au gouvernement, Pierre-Claver Maganga Moussavou divise son emploi du temps entre son ranch de Moutassou, sa mairie à Mouila, qu’il occupe depuis 2006, et ses obligations à Libreville. Parmi ces dernières : celles qui concernent le dialogue politique national, qu’il a co-présidé et dont il s’est engagé à faire appliquer les propositions.

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Si la limitation du nombre de mandats du chef de l’État est passée à la trappe, plusieurs suggestions ont retenu l’attention des Gabonais, comme l’instauration du scrutin présidentiel à deux tours. Reste désormais à s’assurer de leur mise en place par Ali Bongo Ondimba. « Doigté et détermination » vont-ils suffire ?

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