Le gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale est monté au créneau pour démentir la rumeur d’une prochaine dévaluation du Franc Cfa d’Afrique centrale. « Aucun facteur objectif ne plaide aujourd’hui en faveur d’un ajustement monétaire dans la Cemac », a conclu Abbas Mahamat Tolli, le 11 juillet.
En dépit de l’une des résolutions du sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la Cemac, le 23 décembre à Yaoundé, précisant qu’une éventuelle dévaluation n’était pas à l’ordre du jour, refoulant momentanément la rumeur, celle-ci a refait surface il y a quelques semaines. D’abord à travers les réseaux sociaux, puis dans les médias de la région.
Dévaluation de 1994
Diapositives à l’appui – une première lors d’une conférence de presse à l’issue d’un comité de politique monétaire -, le Tchadien s’est attelé à une comparaison entre la situation économique actuelle et celle de 1994, où était intervenue l’unique dévaluation du F Cfa.
Le taux de croissance projeté en 2017 devrait se situer à 0,7% du Pib, contre -0,3% à la veille de la dévaluation, où les déficits jumeaux (budgétaire et courant) s’élevaient respectivement à 9,7% et -7,5%, contre 3,5% et -7,9% actuellement. Le taux de couverture extérieure de la monnaie se stabiliserait à 60% cette année, largement au-dessus de la norme de 20%, alors qu’il était descendu à 14,8% il y a plus de deux décennies.
Les réserves de change représentent aujourd’hui 2800 milliards de F Cfa, permettant de couvrir plus de deux mois d’importations
Alors qu’elles avaient fondu à 165 milliards de F Cfa (250 millions d’euros) à la veille de l’ajustement monétaire, les réserves de change représentent aujourd’hui 2800 milliards de F Cfa, permettant de couvrir plus de deux mois d’importations. « Nous assistons à leur reconstitution à la faveur des mesures prises par les États et les apports de ressources émanant de la conclusion des programmes avec le FMI devraient les renforcer. Ce qui nous permettrait d’aller au-delà de trois d’importations qui est notre objectif à court terme », précise le gouverneur.
Le démenti a quelque peu éclipsé la décision de réduire le taux de pénalité aux banques et aux trésors publics, l’un des taux directeurs, qui passe de 10% à 7%. « Cela va améliorer leur niveau de rentabilité de 50% pratiquement, corrigeant positivement leurs fonds propres », justifie Abbas Mahamat Tolli.