Bénin : la polémique sur la santé de Patrice Talon peine à s’éteindre

Patrice Talon est apparu assez fringant ce mardi 4 juillet à sa descente d’un jet privé, à l’aéroport international de Cotonou, en provenance de Paris, où il a subi des contrôles médicaux. Ces contrôles ont fait couler beaucoup d’encre et de salive au Bénin. Le retour au bercail du président suffira-t-il à calmer les inquiétudes sur son état de santé ?

Le Président du Bénin Patrice Talon attendant de prendre la parole au siège des Nations unies à New York le 22 septembre 2016. © Richard Drew/AP/SIPA

Le Président du Bénin Patrice Talon attendant de prendre la parole au siège des Nations unies à New York le 22 septembre 2016. © Richard Drew/AP/SIPA

Fiacre Vidjingninou

Publié le 5 juillet 2017 Lecture : 3 minutes.

Il était 19h15 ce mardi quand le président Talon, accompagné de son épouse, est descendu de l’appareil Dassault HB-JSC, à l’aéroport de Cotonou. Visiblement détendu et en pleine possession de ses moyens, Patrice Talon, sur son 31, a été reçu par des membres de son cabinet civil et militaire, avant de s’engouffrer dans son véhicule en direction de sa résidence, en centre ville. Il venait de passer une semaine en France pour des bilans post-opératoires. Un contrôle jugé satisfaisant par les médecins, selon un membre de son équipe médicale, d’après lequel « l’urologue et le chirurgien ont conclu à une bonne évolution générale de son état de santé ».

Par un communiqué officiel, le président avait annoncé, le lundi 19 juin, avoir subi, les 26 mai et 1er juin, deux interventions chirurgicales au niveau de la prostate, lesquelles s’étaient selon lui « bien déroulées ». Il avait par la même occasion assuré qu’il était « totalement rétabli ». Un acte de transparence assez inédit, salué par une bonne partie de ses compatriotes, mais qui n’a pas réussi pour autant à mettre fin à la polémique sur la présumée gravité du mal ayant atteint Patrice Talon.

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La rareté de ses apparitions publiques a, de fait, alimenté les inquiétudes : son absence, le 22 juin, à la cérémonie du lancement officiel du Programme d’aide des États-Unis d’Amérique (MCA-Bénin) de plus de 200 milliards de francs CFA (375 millions de dollars) alors qu’il a été repoussé à maintes reprises pour qu’il y participe. Il n’était pas non plus au dernier sommet de l’UA à Addis-Abeba. De quoi alimenter, dans la presse et sur les réseaux sociaux, les supputations sur le « coma » dans lequel il aurait été maintenu à Paris en attendant que ses médecins trouvent les moyens de le sauver.

Des internautes pointent une vacance du pouvoir

De nombreux internautes, ayant constaté que le chef de l’État avait été absent une quarantaine de jours, ont ainsi ouvertement demandé au président de l’Assemblée nationale de mettre en œuvre l’article 50 de la Constitution béninoise. Cet article permet de saisir la Cour constitutionnelle pour constater et déclarer la vacance de la présidence de la République, mais il prévoit trois causes de vacance qui ne s’appliquent pas au cas de Patrice Talon − décès, démission ou empêchement définitif − et n’indique aucun délai au terme duquel une procédure peut être déclenchée.

Le président lui-même, dans le communiqué émis suite au conseil des ministres du 19 juin, a déjà plus ou moins répondu à ce genre d’appels, en précisant que les résultats obtenus suite à ses deux opérations chirurgicales lui permettraient de poursuivre « pleinement » l’exercice de ses « prérogatives constitutionnelles ».

Dans notre société, c’est un signe de faiblesse voire de lâcheté de donner des coups à quelqu’un qui est malade

Il faut souligner que la polémique reste très localisée sur les réseaux sociaux et a du mal à mobiliser les acteurs politiques opposés à Patrice Talon, dont certains ont publiquement exprimé leur « compassion » et leurs « vœux de bon rétablissement ». Rien d’étonnant dans un contexte où, par pudeur, les déballages sur la santé d’un individu sur la scène publique sont « plutôt mal vus », commente Patrick Hinnou, sociologue, enseignant à l’université d’Abomey-Calavi. Il poursuit : « Et puis dans notre société, c’est un signe de faiblesse voire de lâcheté de donner des coups à quelqu’un qui est malade ou qui a un genou à terre ».

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