« La gestion de la filière coton, par le gouvernement précédent, a engendré, sur les trois campagnes 2013-2014, 2014-2015, 2015-2016, une perte estimée à 125 milliards de F CFA » peut-on lire dans le compte rendu du conseil des ministres du 28 juin dernier, lors duquel a été présenté un audit organisationnel technique et financier de la filière coton au Bénin, additionné d’un audit de gestion de la Société nationale pour la promotion agricole (Sonapra) et de la centrale d’achat des intrants agricoles.
L’audit, réalisé par l’entreprise française Mazars, pointe notamment « de graves irrégularité » dans la gestion de la filière, avec notamment une absence de gestion transparente et rigoureuse due à un » défaut de professionnalisme ou une négligence délibérée de supervision des opérations ». Selon le rapport d’audit, c’est précisément cette gestion hasardeuse qui aurait provoqué une perte cumulé de 125 milliards de FCFA pour le secteur.
« Responsabilités et complicités »
« Étant donné que la gestion de la filière a été assurée exclusivement par l’État, les montants des déficits correspondent, en conséquence, aux subventions accordées par l’État à la filière sur la période », détaille le compte-rendu du conseil.
« Les responsabilités et complicités de ces actes de mauvaise gouvernance sont à rechercher au niveau, d’une part, des membres des commissions mises en place par le gouvernement précédent pour la gestion de la filière coton et d’autres part, de la direction générale des sociétés Sonapra, ONS, Caia » ajoute le rapport d’audit qui cite notamment Komi Koutché, ancien ministre de l’Économie, des finances et des programme de dénationalisation.
Poursuites judiciaires
Le conseil des Ministres annonce en outre, dans son compte-rendu, avoir instruit le garde des sceaux « à l’effet d’engager des poursuites judiciaires appropriées et de faire prendre des mesures de saisies conservatoire pour assurer le remboursement (des pertes) ».
En avril 2012, le gouvernement précédent avait chargé une commission internationale de faire le point sur la gestion de la filière coton. Le rapport avait pointé de nombreuses irrégularités qui avaient conduit, le 29 avril, à la reprise en main par l’État de la filière. L’actuel président Patrice Talon, à l’époque vice-président de l’Association interprofessionnelle du coton (AIC) avait été inquiété par la justice.