La vie de Blaise aurait pu être tout autre. Professeur de sciences sociales dans une école publique à Kinshasa, cet homme de 39 ans n’a pas toujours voulu enseigner. Blaise est arrivé à cette activité « par accident », dit-il. « J’aurais dû travailler dans une entreprise mais il n’y avait pas de poste pour moi. Un de mes oncles m’a alors proposé d’enseigner, et j’ai dit oui ».
Salaire : 142 euros
Onze ans plus tard, Blaise est marié, père de deux enfants. Il vit en périphérie de Kinshasa et n’a pas changé de métier. Son salaire de professeur employé de la fonction publique lui rapporte 230 000 francs congolais par mois, soit 142 euros. En complément, il touche une « prime de motivation » de 80 euros.
Déformation professionnelle sans doute, Blaise Ngindu tient à expliquer les origines de cette prime. « Au début des années 1990, sous Mobutu, l’enseignement était au rabais. L’Église a lors décidé de prendre les choses en main en demandant aux parents de prendre en charge les salaires des enseignants ». Vingt-cinq ans plus tard la prime existe toujours mais même avec cet appoint, Blaise a tout juste de quoi nourrir sa famille.
Des dépenses calculées à l’euro près
Son salaire et sa prime cumulés, cet enseignant en sciences sociales gagne 222 euros par mois, qu’il dépense entièrement. Pour se déplacer, Blaise doit débourser environ 31 euros par mois. Pour payer son loyer et faire ses courses, il dépense en tout 160 euros. Il ne reste alors plus que 30 euros, qui vont directement dans l’abonnement internet. Des loisirs, Blaise s’en accorde rarement.
Je devrais prendre soin de mes parents, de ma famille
En plus de ses revenus fixes, Blaise a parfois des revenus ponctuels qui viennent s’y ajouter, mais selon lui « trop inégaux et trop faibles pour être comptabilisés ».
« Je devrais prendre soin de mes parents, de ma famille. Dans notre culture, à 40 ans un enfant est censé aider ses parents. J’ai une grande dette envers eux ». Pour l’instant, Blaise Ngindu n’a pas vraiment les moyens d’aider financièrement sa famille, mais il compte bien y remédier.
Un meilleur emploi pour un meilleur salaire
Pour gagner sa vie plus confortablement, Blaise voudrait troquer sa blouse d’enseignant contre une veste de costume : régulièrement, il passe des tests pour intégrer une institution internationale. Son but ? « L’Unicef par exemple ». Pour le moment, ces tests se sont révélés infructueux, mais Blaise n’a pas baissé les bras pour autant.
« On ne peut pas aimer la misère » lâche-t-il, mélancolique.
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