Société

Ramadan : pour la première fois, des Tunisiens manifestent pour la liberté de manger en public

Des dizaines de personnes ont manifesté dimanche à Tunis pour réclamer le droit de manger et de boire en public durant le ramadan et pour protester contre l’arrestation des non-jeûneurs. Une première en Tunisie.

Par
Mis à jour le 12 juin 2017 à 11:12

Le débat sur la question du respect du jeûne en public pendant le ramadan revient chaque année au Maghreb. © JALIL BOUNHAR/AP/SIPA

Aucune loi n’interdit de manger ou de boire en public pendant le ramadan en Tunisie mais le débat sur cette question revient chaque année. À l’appel du mouvement « Mouch Bessif » (« pas contre notre volonté », en arabe), des manifestants se sont rassemblés dimanche 11 juin au centre de Tunis, criant notamment : « la liberté individuelle est garantie par la Constitution ».

Arrestation de non-jeûneurs

« En quoi ça te dérange si tu jeûnes et si je mange? », « Arrêtez les terroristes et laissez tranquilles les non-jeûneurs », « Non aux arrestations des non-jeûneurs », pouvait-on lire sur des affiches brandies par les protestataires. Début juin, quatre hommes avaient été arrêtés puis condamnés à un mois de prison pour « outrage public à la pudeur » après avoir mangé dans un jardin en plein ramadan.

« Nous sommes ici pour protester contre les poursuites judiciaires contre les non-jeûneurs et pour réclamer (le respect de) la liberté individuelle. Celui qui veut jeûner, il jeûne, et celui qui ne veut pas, il ne jeûne pas », s’est indigné Karim Chaïr, la trentaine.

« Je jeûne et je suis venu pour participer à cette manifestation et appeler avec ces gens au respect de la liberté de la croyance et de la conscience », a pour sa part affirmé Kamel Jalouli, un sexagénaire.

Première fois que les non-jeûneurs manifestent dans la rue

C’est la première fois qu’a lieu en Tunisie une manifestation avec une telle revendication. Depuis la révolution de 2011, des voix se sont élevées pour revendiquer le droit à ne pas jeûner mais cela n’avait jamais pris la forme d’une manifestation.

Si la Constitution tunisienne garantit « la liberté de croyance et de conscience », l’État est y aussi décrit comme « gardien de la religion ». Ainsi, en Tunisie, la plupart des cafés et restaurants ferment pendant la journée durant le ramadan. Ceux qui restent ouverts le font discrètement.