La sentence est tombée jeudi soir. "La Cour suprême de justice a condamné jeudi dans la soirée Jean-Bertrand Ewanga à une année de prison ferme pour offense au chef de l’État, aux membres du gouvernement et aux membres du Parlement", a indiqué Me Richard Mpinda, avocat du prévenu.
Député, M. Mpinda est secrétaire-général de l’Union pour la Nation congolaise (UNC), trosième force d’opposition au Parlement. Il avait été arrêté le 5 août au lendemain d’une manifestation d’opposition à Kinshasa destinée à dénoncer toute initiative visant à modifier la Constitution pour permettre à Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, de se maintenir en poste au-delà de 2016.
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"Parodie de justice"
L’avocat d’Ewanga, Me Mpinda, dénonce aujourd’hui "une véritable parodie de justice", tout en précisant que son client avait été transféré à la prison centrale de Makala après l’énoncé du jugement.
Cette condamnation intervient alors qu’une coalition de partis d’opposition, dont l’UNC, a appelé à manifester une nouvelle fois samedi matin à Kinshasa pour protester contre les projets de révision constitutionnelle qui pourraient être présentés au Parlement au cours de la session devant commencer le 15 septembre.
Elle a eu lieu également alors que le représentant spécial des États-Unis pour les Grands Lacs, Russel Feingold, voyage dans l’est de la RDC. Ce dernier a déclaré à plusieurs reprises que les États-Unis ne voulaient pas voir l’actuel président se représenter pour un nouveau mandat présidentiel en 2016.
Refusant de participer à une "parodie de justice", les avocats de la défense avaient quitté l’audience jeudi après-midi.
"Prenez votre décision et envoyez moi à Makala"
Resté seul à la barre, l’accusé avait lancé aux juges, comme un défi : "La pression politique sur vous est très forte, prenez votre décision et envoyez moi à Makala".
Le président de l’UNC, Vital Kamerhe, a estimé pour sa part que "le procès de M. Ewanga [était] politique" et que l’issue en était "connue d’avance".
Ex-meilleur allié de Joseph Kabila, Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale de 2006 jusqu’à sa disgrâce en 2009, est aujourd’hui l’un de ses opposants les plus actifs.
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(Avec AFP)