
Une voiture de la police tunisienne à Sousse. © Darko Vojinovic/AP/SIPA
Les autorités tunisiennes ont annoncé vendredi le gel des avoirs de huit hommes d’affaires soupçonnés de corruption, dont certains ont récemment été placés en résidence surveillée dans le cadre d’un coup de filet anticorruption.
La commission chargée de la confiscation des biens au profit de l’État a annoncé lors d’une conférence de presse vendredi 26 mai avoir saisi les biens et gelé les avoirs de huit hommes d’affaires ayant réalisé des profits « de manière illégale ».
Cette décision a été prise à la suite d’une enquête prouvant l’implication de ces hommes d’affaires « dans des relations qui leur ont permis de réaliser illégalement d’énormes bénéfices », a déclaré le président de la commission, Mounir Ferchichi.
D’après cette enquête, ces personnes auraient tiré profit de leurs relations, avant la révolution de 2011, avec le clan du dictateur déchu Zine El Abidine Ben Ali et des membres de son régime dont les biens ont été confisqués en 2012.
Des personnalités parmi le coup de filet
Parmi elles figurent le richissime et médiatique Chafik Jarraya et l’ex-candidat à la présidence Yassine Chennoufi, qui ont été placés en résidence surveillée pour être interrogés au secret dans le cadre d’un coup de filet anticorruption qui a fait sensation dans le pays.
Le fait que le gel des avoirs intervienne au même moment que la campagne anticorruption est « une coïncidence », a assuré Mounir Ferchichi.
En tout, dix hommes d’affaires ou contrebandiers présumés ont été arrêtés depuis mardi en Tunisie pour des soupçons de corruption et de « complot contre la sûreté de l’Etat », a indiqué vendredi à l’AFP un haut responsable sous le couvert de l’anonymat.
Ils sont notamment accusés par les autorités de « financement de mouvements de protestation » dans diverses régions de Tunisie.
Une opération saluée
Ces arrestations largement saluées dans la classe politique et la population ont été effectuées en vertu de l’état d’urgence en vigueur dans le pays depuis plus d’un an et demi.
Mais tout en affirmant leur soutien à la lutte contre la corruption, des voix se sont élevées pour demander que ces mesures ne se limitent pas à quelques noms connus et qu’une opération « mains propres » digne de ce nom soit lancée.
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