« Quand les jihadistes demandent quelque chose, (quand) vous avez convenu ensemble que quelque chose leur sera donné puis vous ne tenez pas parole, vous n’aurez jamais ce que vous cherchez, à savoir la libération » des otages, a-t-il déclaré.
Cinq Français, un Malgache et un Togolais, employés sur un site minier d’uranium exploité par Areva à Arlit au Niger, avaient été enlevés en septembre 2010. Les quatre derniers avaient été libérés le 29 octobre 2013.
Deux négociateurs en concurrence
Ces propos interviennent après la diffusion jeudi d’une enquête d’Envoyé spécial, sur France 2, dans laquelle un ancien de la DGSE, Pierre-Antoine Lorenzi, intermédiaire en concurrence avec un autre négociateur, Jean-Marc Gadoullet, affirme « que trois millions d’euros n’avaient pas été ‘décaissés’ ». Alain Juillet, ancien directeur du renseignement à la DGSE, a aussi évoqué dans ce reportage « des rumeurs selon lesquelles la somme qui avait été donnée (…) était incomplète ».
Akotey, qui dit avoir mené les négociations à la demande du président nigérien Mahamadou Issoufou à partir de la mi-juin 2013, affirme de son côté que Pierre-Antoine Lorenzi a été très vite écarté des négociations. Selon le négociateur nigérien, Pierre-Antoine Lorenzi, qui bénéficiait du soutien du ministre de la Défense français Jean-Yves le Drian, a voulu reprendre sa place mais se serait heurté à l’opposition du directeur général de la DGSE.
« Moi je pense que c’est un rapt d’opportunité qui a mal tourné »
Autre point démenti : Envoyé Spécial explique que le chef Sidan Ag Hitta aurait demandé, dans le cadre des négociations d’Arlit, que ses neveux emprisonnés à Bamako pour prise d’otage soient libérés. En vain. Des accusations également niées par le négociateur nigérien.
« Moi je pense que c’est un rapt d’opportunité qui a mal tourné », juge Akotey. « La presse a tellement rabâché les oreilles à tout le monde sur le montant faramineux de la rançon (versée pour les otages d’Arlit). Cela a dû donner des idées à quelques-uns. Ils ont trouvé ce qu’il y avait sous la main et puis voilà, ça a mal tourné », esquisse-t-il.
Les proches des journalistes assassinés réclament des explications
Dans une lettre adressée le 29 janvier au président François Hollande et au ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, Marie Solange Poinsot, mère de Ghislaine Dupont, Denise Verlon, mère de Claude Verlon ainsi que Danièle Gonod, présidente de l’association « Les amis de Ghislaine Dupont et Claude Verlon », ont conjointement réclamé des explications et un entretien à la suite de la diffusion de l’enquête.
Les trois expéditrices de ce courrier expliquent avoir été reçues à plusieurs reprises entre 2014 et 2016, successivement par le chef de l’État, le ministre de la Défense et la conseillère Afrique de l’Élysée, avec l’assurance d’une « totale transparence dans cette affaire » et l’affirmation qu’ « aucun lien n’était suspecté entre les deux affaires ».
La lettre rapporte également des propos tenus par le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, lors d’une assemblée générale de l’association où il aurait assuré que les deux journalistes « auraient été trahis » sans pour autant fournir plus d’informations par la suite.
Selon ces proches de deux victimes, « les plus hautes autorités de l’État en savent bien plus qu’elles ne le disent, tant à la justice, qu’aux familles et aux proches de Ghislaine et Claude ».