Mali : le groupe de Belmokhtar, allié d’Aqmi, revendique l’attaque à Gao ayant fait 60 morts

Le bilan de l’attentat-suicide qui a visé ce mercredi un camp militaire de Gao est à présent d’une soixantaine de morts. Il a été revendiqué par le groupe terroriste Al Mourabitoune, lié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (aqmi) et mené par l’Algérien Mokhtar Belmokhtar.

En janvier 2017 à proximité d’un camp militaire à Gao, au Mali. © Yacouba Cisse/AP/SIPA

En janvier 2017 à proximité d’un camp militaire à Gao, au Mali. © Yacouba Cisse/AP/SIPA

Publié le 19 janvier 2017 Lecture : 3 minutes.

L’attaque ce mercredi 18 janvier d’un camp militaire du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) à Gao a également fait près de 115 blessés, a précisé le président malien Ibrahim Boubacar Keïta dans une allocution télévisée.

Le chef de l’État n’a pas précisé si ce bilan incluait le ou les auteurs de l’attentat, qui depuis a été revendiqué par le groupe du jihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar, Al-Mirabitoune, à travers un communiqué publié par l’agence mauritanienne Al-Akhbar et par le centre américain de surveillance des sites jihadistes (Site).

la suite après cette publicité

Le gouvernement malien a en tout cas fait état de « cinq kamikazes » parmi les tués, mais dans sa revendication le groupe terroriste, rallié à Aqmi depuis plus d’un an, n’a cité qu’un auteur – Abdelhadi al-Foulani -, indiquant son appartenance à l’ethnie peul.

Le groupe terroriste Al-Mourabitoune avait déjà revendiqué l’attentat-suicide à la voiture piégée survenu à l’aéroport de Gao, à quelques centaines de mètres de là, le 29 novembre 2016.

Patrouilles mixtes, cibles des terroristes

Selon l’AFP, le camp militaire abritait des combattants appartenant à la la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion à dominante touareg) ou à la Plateforme (coalition pro-gouvernementale) qui se préparaient  pour les patrouilles mixtes prévues par l’accord de paix baptisé « Accord d’Alger » signé en juin 2015 entre Bamako et ces différents groupes armés.

la suite après cette publicité

Selon la mission de l’ONU au Mali (Minusma), 600 combattants se trouvaient dans le camps. L’organisation évoque des « dizaines de morts et de blessés ».

Le véhicule utilisé dans l’attentat-suicide était aux couleurs du MOC, chargé d’organiser ces patrouilles mixtes, a souligné le président malien. Les patrouilles en question, auxquelles doivent également se joindre des militaires maliens, sont censées préfigurer la refonte d’une armée malienne unitaire.

la suite après cette publicité

« Pour faire les patrouilles mixtes, il faut faire le cantonnement (des groupes armés, ndlr) et désarmer les gens, à ce moment », a estimé un rescapé témoignant auprès de l’AFP. « Sans le désarmement et le cantonnement, la patrouille mixte est un piège pour nous tuer ».

L’ONU envisage des sanctions au Mali

« Des retards continuels menacent la viabilité de l’accord » signé par le gouvernement malien et des groupes rebelles, a souligné mercredi à la presse l’ambassadeur suédois Olof Skoog, qui préside le Conseil de sécurité de l’ONU en janvier. Les membres du Conseil ont examiné la façon de protéger cet accord, « y compris la possibilité et les conséquences de la mise en oeuvre d’un régime de sanctions », a prévenu le diplomate.

Le phénomène terroriste prend des proportions de plus en plus inquiétantes.

Le chef des opérations de maintien de la paix de l’ONU, Hervé Ladsous, a également soutenu le principe de sanctions ciblées contre ceux qui violent le cessez-le-feu et menaçant le processus de paix. Au Mali, « le phénomène terroriste prend des proportions de plus en plus inquiétantes », notamment « au nord et au centre », a déclaré Hervé Ladsous.

« Si la situation sécuritaire continue à se détériorer ainsi, il n’y aura plus de paix à maintenir au Mali », a-t-il prévenu.

L’ambassadeur français François Delattre a considéré que des sanctions seraient « extrêmement appropriées » pour mettre la pression sur les opposants à l’accord de paix mais aucun projet de résolution en ce sens n’a encore été présenté au Conseil.

Manque d’équipements

Le chef de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma), Mahamat Saleh Annadif, a pour sa part affirmé que les opérations des Casques bleus risquaient d’être profondément perturbées pendant au moins deux mois entre le retrait de sept hélicoptères néerlandais fin février et leur remplacement par des appareils allemands.

Sans hélicoptères « je ne peux rien faire », a-t-il mis en garde, jugeant « inacceptable » que la mission ne dispose pas du soutien aérien nécessaire dans ce laps de temps.

En réponse le Conseil de sécurité prévoit une réunion spéciale des pays contribuant à la mission afin de mobiliser plus d’équipements. Au total, les Nations unies ont déployé 13 000 Casques bleus au Mali, où ils sont régulièrement attaqués.

Le président Ibrahim Boubacar Keïta a annoncé mercredi un deuil national de trois jours à la suite de cet attentat, le plus meurtrier de l’histoire récente du Mali.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Contenus partenaires