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Dakar, dans tous ses états
L’Acte III de la décentralisation a été promulgué pour rénover le code des collectivités locales (dont l’acte II date de 1996), avec pour objectif d’"organiser le Sénégal en territoires viables et porteurs de développement durable à l’horizon 2022". Parmi les principales mesures adoptées, la suppression des régions et la création de pôles de développement économique, l’extension des départements en collectivités locales et la communalisation intégrale, afin de transformer les communautés rurales en communes.
À Dakar, l’Acte III se traduit par un transfert de compétences de la mairie centrale vers les communes d’arrondissement en matière de culture, d’éducation et d’aménagement urbain. Mais les conditions de son adoption ont abouti à une joyeuse cacophonie. "La loi a été votée en quarante-huit heures à la veille des élections locales, sans consultation préalable et sans même que la mairie ait été avertie", s’étonne un proche de Khalifa Sall, pour qui "la ville de Dakar devient une coquille vide, n’ayant presque plus de compétences directes".
Selon la même source, "le texte est imprécis et aboutit à des chevauchements de compétences, alors que le flou règne sur la réaffectation des 3 500 agents de la ville". Si le président, Macky Sall, qui dit vouloir "rompre avec les clivages urbain-rural" et "bâtir un développement territorial équitable et durable au Sénégal", en écartant clairement toute arrière-pensée politicienne, l’entourage de Khalifa Sall ne cache pas ses soupçons sur une réforme dont le but pourrait bien être de savonner la planche du très populaire maire de Dakar, considéré comme un présidentiable en puissance.