Politique

Scandale RHB en Algérie : une affaire Khalifa en accéléré

Vous vous souvenez de Rafik Khalifa, ce millionnaire algérien et golden boy qui avait créé un empire dans la banque et l’aviation au début des années 2000, avec l’aide et la complicité des caciques du régime ?

Mis à jour le 21 décembre 2016 à 20:13
Farid Alilat

Par Farid Alilat

Journaliste à Jeune Afrique depuis de nombreuses années, Farid Alilat est spécialiste de l'Algérie.

Le médicament « Rahmet Rabbi » présenté comme un remède miracle contre le diabète. © Capture d’écran YouTube

Présenté comme l’exemple de réussite, l’empire Khalifa s’est révélé un accident industriel et un gouffre financier qui a coûté 3 milliards de dollars au contribuable algérien. Attiré par l’argent et le bling-bling, grisé par son pouvoir, Rafik Khalifa a fini par faire banqueroute. Longtemps réfugié à Londres où il pensait trouver asile et protection contre ses turpitudes, il s’est fait extrader avant d’être condamné à 20 ans de prison. Il y a donc dans cette affaire RHB un remake en mode flash du fiasco Khalifa.

Voilà un technicien de labo, Toufik Zaïbat, grand baratineur ayant acquis trois rudiments en phytothérapie à l’étranger, qui se fait passer pour un docteur en médecine diplômé de Lausanne ou de Genève.

Des journalistes complaisants, pour ne pas dire complices, lui déroulent le tapis rouge, l’encensent avant de le dézinguer.

Un ministre lui apporte sa caution et son soutien à derviche au mépris de toutes les règles de prudence, au point où son attitude finira par éveiller des soupçons de collusion et de prise d’intérêts.

Deux ministères et des administrations s’empressent de lui délivrer des dérogations et des autorisations sans enquêtes et sans vérifications préalables.

Une usine, au bord de la faillite, dont le PDG est marié à la fille d’un ex-ponte du régime, joue de son relationnel auprès du ministre de la Santé pour décrocher un marché juteux.

Au final : des patients grugés avec un faux produit censé soulager, voire mieux, guérir le diabète ; des dizaines de millions de dinars engrangés en quelques semaines ; l’aigrefin des labos, hier fabriquant d’eau de javel et de détergents, qui se hâte d’acquérir biens immobiliers et des grosses berlines à peine le magot empoché.  Et finalement, la découverte de la supercherie. La disgrâce. Et la première plainte en justice.

Manifestement, on n’a pas suffisamment retenu les leçons de l’affaire Khalifa.