Dans un communiqué publié le 14 novembre, le ministère de la Culture a annoncé avoir « mis fin » à ses fonctions de directeur, précisant attendre les rapports « financier et moral » du bureau exécutif pour l’édition 2016 des JCC. Une édition qui s’est achevée le 5 novembre mais qui fait encore parler d’elle.
Limogeage ou démission ?
Nommé à ce poste en mai 2015, Brahim Letaief avait succédé à la cinéaste Dora Bouchoucha. Lors d’une conférence de presse organisée le mardi 8 novembre 2016, le réalisateur et producteur tunisien de 57 ans a lui-même dressé un bilan mitigé cette année.
Fier d’avoir « réalisé un rêve en président le cinquantenaire des JCC », il s’est dit « prêt à rendre des comptes et à assumer pleinement [sa] responsabilité », en admettant des problèmes d’organisation dus principalement, selon lui, à une mauvaise infrastructure (mauvais état des salles de cinéma et du matériel cinématographique) mais pas seulement.
Invité le samedi 12 novembre sur les ondes de la radio Mosaïque Fm, il a affirmé de pas avoir été limogé, mais avoir lui-même pris la décision, il y a déjà plusieurs semaines, de démissionner. « J’avais déjà fait savoir, avant le début des JCC, que je ne continuerai pas après cette édition. »
« En deux éditions, j’ai connu quatre ministres de la Culture », a-t-il souligné, dénonçant un manque d’aide et de soutien de la part du nouveau ministre de la Culture Mohamed Zine El Abidine ainsi qu’une « campagne ciblée » contre lui pour ses appels à l’indépendance du festival. Des propos amers, qu’il a réitéré le 13 novembre sur le plateau de la chaîne télévisée El Hiwar Ettounsi.
Une édition « catastrophique »
Dans une interview accordée à Jeune Afrique après la clôture des JCC, Mohamed Challouf, responsable de l’organisation des événements liés au cinquantenaire du festival, a déploré une « pagaille » à plusieurs niveaux. « Nous avions une opportunité magnifique, qui était celle du 50e anniversaire, mais nous l’avons gâchée. La logistique n’a pas suivi et l’accueil a été catastrophique », a-t-il déclaré.
Des invités ont été oubliés à l’aéroport, comme le réalisateur koweïtien Khaled Seddiq, et le directeur général du centre du cinéma algérien s’est retrouvé sans chambre d’hôtel, a par exemple rappelé Mohamed Challouf. L’actrice Bahia Rachedi a quant à elle dénoncé, en larmes, une « marginalisation » et un accueil « humiliant » de la délégation algérienne qui s’était déplacée pour l’occasion. Le directeur des JCC et le ministre tunisien de la Culture s’étaient ensuite hâtés de présenter leurs excuses à ces visiteurs déçus, afin d’apaiser toute tension tuniso-algérienne.
Malgré ces couacs, une centaine de milliers de spectateurs, Tunisiens et étrangers, étaient au rendez-vous cette année. Des projections avaient également été organisées hors capitale, dans 14 autres régions du territoire, ainsi que dans des universités et des prisons.