Politique

Israël-Palestine : avec l’élection de Trump, une solution à deux États s’éloigne

La victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle pourrait bien se traduire par une politique américaine plus favorable qu’auparavant à Israël, selon les experts. Même si tous rappellent que l’homme est « imprévisible ».

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Mis à jour le 10 novembre 2016 à 19:16

Netanyahu après un meeting de Donald Trump à New York le 26 septembre 2016. © Evan Vucci/AP/SIPA

« Personne n’est plus pro-Israël que moi », avait déclaré Donald Trump en mars dernier. Le candidat victorieux à l’élection présidentielle américaine, élu ce mercredi 9 novembre, a même promis pendant sa campagne de déplacer l’ambassade des États-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem.

Un tel transfert reviendrait à rompre avec la politique historique de Washington en la matière. Comme le reste de la communauté internationale, les État-Unis ne reconnaissent pas Jérusalem comme la capitale d’Israël, alors que les Palestiniens veulent faire de Jérusalem-Est, partie de la ville occupée et annexée par Israël, la capitale de leur État.

Trump « sceptique » 

Le mois dernier, David Friedman le conseiller de Donald Trump pour l’Israël déclarait par ailleurs que Donald Trump ne considérait pas les colonies juives établies dans les territoires palestiniens de Cisjordanie occupée comme illégales. Un sujet sur lequel l’administration sortante de Barack Obama était de plus en plus critique.

Toujours selon David Friedman, Donald Trump serait « extrêmement sceptique » quant à l’idée d’une solution « à deux États ». Il « ne mettrait jamais Israël sous pression » pour promouvoir cette solution, d’après le conseiller, ou toute autre solution en contradiction avec « la volonté du peuple israélien ».

Prudence de Netanyahu

Malgré cela, Benjamin Netanyahu, dont le gouvernement est considéré comme le plus à droite de l’histoire d’Israël, semble rester prudent. Une prudence qui pourrait être liée à l’imprévisibilité de Donald Trump, selon certains analystes. Il y a quelques mois de cela, durant sa campagne, le Républicain s’était déclaré neutre sur le sujet du conflit israélo-palestinien.

Cela n’a pas empêché le premier ministre israélien de féliciter Donald Trump pour sa victoire, dans un communiqué, avant de lui téléphoner.

« Les deux dirigeants, qui se connaissent depuis de nombreuses années, ont eu une conversation chaleureuse et sincère », a assuré un communiqué publié par le cabinet de Benjamin Netanyahu. « Ils ont également discuté des questions régionales. Le président Trump a invité le Premier ministre israélien à une réunion aux Etats-Unis à la première occasion. »

De meilleures relations ? 

Si Donald Trump peut sembler imprévisible, Benjamin Netanyahu pourrait toutefois être soulagé d’avoir un républicain à la Maison Blanche tant ses relations avec l’administration Obama étaient difficiles.

« Il y a beaucoup de signes que l’administration Trump pourrait être très accommodante dans ses relations avec le gouvernement israélien actuel », estime en tout cas Shmuel Rosner, du Jewish People Policy Institute. « Le Premier ministre israélien de droite Benjamin Netanyahu aura un homologue à Washington qui ne lui sera pas instinctivement opposé », prédit-il.

Inquiétude des Palestiniens

Côté palestinien, le président Mahmoud Abbas a lui aussi félicité Donald Trump, en émettant l’espoir que la paix avec Israël pourrait être atteinte au cours de son mandat.

Cependant, l’inquiétude est là aussi de mise. « Nous sommes inquiets parce que nous avons ici quelqu’un qui a été complètement imprévisible, un franc-tireur », a confié un responsable de haut rang à l’AFP, sous le couvert de l’anonymat. « Ses déclarations sont tellement […] illogiques et en contradiction avec le droit et le consensus international, qu’elles ne peuvent pas être mises en oeuvre », a-t-il ajouté. « Les choses changeront quand il sera confronté aux réalités de la fonction. »

C’est aussi ce que pensent certains analystes. Le chroniqueur du journal israélien Maariv, Ben Caspit, par exemple, selon qui « Trump a brisé toutes les règles possibles et il n’hésitera pas, s’il le souhaite, à briser le soutien traditionnel des Etats-Unis à Israël ».