Lundi 31 octobre, la tension était toujours perceptible dans la ville d’El Hoceima après un dimanche mouvementé où des milliers d’habitants de cette ville ont célébré les funérailles de Mouhcine Fikri, un vendeur de poisson de 31 ans, happé par une benne à ordures le vendredi 28 octobre, alors qu’il tentait d’empêcher la destruction de sa marchandise confisquée par les autorités.
Selon des témoins sur place cités par le journal Tel Quel, une marche spontanée de collégiens et de lycéens a eu lieu ce matin en guise de protestation contre cette mort atroce. Elle a rassemblé une centaine de personnes qui ont marché vers la place centrale de la ville.
Maroc : manifestations après la mort du jeune… par Jeuneafriquetv
Les autorités marocaines poursuivent leur enquête sur les circonstances de la mort de Mouhcine Fikri. Selon le site d’information Le360, la police judiciaire aurait auditionné toutes les personnes présentes sur la scène du drame et ordonné la mise sous écrou de cinq personnes. Une des questions que se posent les enquêteurs est de savoir qui a actionné la benne du camion poubelle, entraînant la mort tragique du vendeur de poisson, et qui suscite de nombreuses interrogations.
Qui a actionné la benne ?
Dans une déclaration à l’AFP, le ministre de l’Intérieur marocain, Mohamed Hassad, visiblement très affecté par ce drame, a déclaré que l’enquête sera menée « jusqu’au bout » et que les conclusions seront rendues « dans quelques jours », assurant que les responsables de ce drame seraient punis.
Selon lui, la victime avait refusé d’obtempérer à un barrage de police, et avait ensuite été interceptée, avec dans sa voiture « une quantité importante d’espadon, une espèce interdite à la pêche ». « Décision a été prise de détruire la marchandise illégale. Toutes les questions se posent après ça », a-t-il expliqué à l’AFP.
Il fallait que les autorités mettent d’abord le prévenu sous mandat d’arrêt afin de garantir son intégrité physique
Joint par Jeune Afrique, le représentant local de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), Mustapha Allach, a précisé que la procédure de confiscation de la marchandise du défunt n’a pas respecté les procédures en vigueur. « Dans des cas pareils, il fallait que les autorités mettent d’abord le prévenu sous mandat d’arrêt afin de garantir son intégrité physique ; qu’ensuite ils saisissent sa voiture avec la marchandise épinglée et transportent cette dernière dans des lieux spécifiques, à El Hoceima, en vue de la détruire au lieu de le faire directement sur la voie publique. »
L’enquête promise par le gouvernement marocain permettra de dévoiler les nombreuses zones d’ombre qui caractérisent encore cette affaire.