Son visage rond, aux yeux écarquillés, est connu de tous les Burkinabè. Dans la matinée du 17 septembre 2015, il était apparu en direct à la Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB) pour annoncer officiellement la prise du pouvoir par le général Gilbert Diendéré et la mise en place d’une junte baptisée Conseil national pour la démocratie (CND). Son manque d’aisance face caméra, sa diction hésitante et son discours hasardeux sur la légitimité de ce coup de force militaire lui avaient immédiatement valu une avalanche de railleries sur les réseaux sociaux.

Le lieutenant-colonel Bamba Mamadou, qui a annoncé le putsch, semblait tout droit sorti des années 70. © Damien Glez / J.A.
Un peu plus d’un an après cette déclaration qui l’a rendu célèbre, le médecin-colonel Mamadou Bamba, officier de l’armée de terre, a été remis en liberté provisoire mardi 18 octobre par la justice militaire. Toujours inculpé dans l’enquête sur la tentative de coup d’État, il s’était rendu le 1er octobre 2015 à la gendarmerie et était depuis détenu à la Maison d’arrêt et de correction des armées (Maca), à Ouagadougou, où sont inculpés les principaux accusés dans cette affaire.
Une nouvelle remise en liberté provisoire
S’il n’appartenait pas à l’ex-régiment de sécurité présidentielle (RSP), cet homme aussi imposant que discret avait participé au coup d’État à sa manière en lisant les communiqués des putschistes à la télévision nationale durant les quelques jours où ils ont été au pouvoir. Il était aussi parfois visible dans les coulisses des négociations avec la médiation internationale dépêchée à Ouagadougou après la prise de pouvoir du général Diendéré.
Plusieurs officiers de l’ex-RSP et différents responsables politiques ont récemment été remis en liberté provisoire dans ce dossier. Sur 85 individus inculpés, moins de 40 se trouvent actuellement en détention préventive à la Maison d’arrêt et de correction des armées (Maca). Parmi elles figure le général Gilbert Diendéré, officiellement poursuivi pour crime contre l’humanité, attentat à la sûreté de l’État, ou encore haute trahison.