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Abidjan, le retour

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Société

Côte d’Ivoire : circulez !… Si vous le pouvez

Les Abidjanais passent leur vie dans les embouteillages, même si le troisième pont vient d’ouvrir. Le développement des réseaux de bateaux-bus et le futur train urbain changeront-ils la donne ?

Mis à jour le 16 janvier 2015 à 18:51

Depuis sa mise en service le 16 décembre et jusqu’au 2 janvier, le pont HKB est gratuit. © Sia Kambou/AFP

Pour les automobilistes comme pour les usagers des bus et des taxis, se déplacer dans Abidjan reste un cauchemar. Malgré les voies de contournement et le plan de circulation élaboré par le gouvernement, les goulets d’étranglement sont légion dans toutes les communes de la ville : du boulevard du Général-de-Gaulle, à Adjamé, à celui des Martyrs, à Cocody, en passant par le boulevard Principal de Yopougon jusqu’à l’infernal boulevard Valéry-Giscard-d’Estaing (VGE), à Marcory, les Abidjanais vivent en permanence dans les embouteillages.

Un fléau que ne résout que ponctuellement le troisième pont sur la lagune, inauguré à la mi-décembre. Réalisé par le groupe français Bouygues via sa filiale, la Société de construction du pont Riviera-Marcory (Socoprim), pour un coût estimé à 125 milliards de F CFA (190,5 millions d’euros), le pont à péage Henri-Konan-Bédié permet tout de même de désengorger les ponts Charles-de-Gaulle et Houphouët-Boigny, en reliant le quartier de La Riviera, à Cocody, à la commune de Marcory. Long de 1,5 km en 2 × 3 voies (comprenant 21 guichets de péage), l’ouvrage est prolongé au nord par 2,7 km de route en 2 × 2 voies (jusqu’au boulevard Mitterrand) et au sud, à Marcory, par 2 km en 2 × 3 voies (jusqu’au boulevard VGE).

Pour se déplacer mieux et plus rapidement, les Abidjanais comptent sur l’amélioration du réseau de bateaux-bus et, plus encore, sur le futur train urbain, dont les travaux devraient commencer en 2015. C’est au consortium franco-coréen composé des groupes Bouygues (pour le génie civil), Dongsan Engineering et Hyundai Rotem Company (pour les rames et la sécurisation du réseau) que le gouvernement ivoirien a confié, en avril, la réalisation de ce chantier, dont le coût est évalué à 1 milliard d’euros. La première phase du projet porte sur 37,5 km de voies ferrées entre Anyama (banlieue nord) et l’aéroport international Félix-Houphouët-Boigny de Port-Bouët (au sud) en traversant le centre de la capitale et la zone sud.

Ce tronçon, qui utilise les anciennes voies de la Sitarail, devrait être mis en service d’ici à 2017. Une extension reliera ensuite Yopougon (à l’ouest). Avec un service opérationnel de 5 heures à 22 heures, sept jours sur sept, le train urbain d’Abidjan pourra transporter 320 000 passagers par jour. "La réalisation de cet important chantier permettra à la population de se déplacer rapidement, pour un coût abordable, et donnera à Abidjan cette dimension de grande métropole qu’ont les villes de taille équivalente en Occident ou en Asie", souligne Gaoussou Touré, le ministre ivoirien des Transports, qui a suivi toutes les étapes de montage de ce projet.

Fin du monopole sur le transport lagunaire

Le gouvernement souhaite également mieux utiliser la lagune, qui borde dix des treize communes du district. Aussi, tout en continuant à renforcer son parc d’autobus, la Société des transports abidjanais (Sotra) a adopté un plan d’investissement de 7,5 milliards de F CFA pour développer son réseau de bateaux-bus et faire face à la concurrence, puisque l’État a mis fin à son monopole sur le transport lagunaire. L’entreprise publique prévoit d’acquérir une dizaine d’embarcations et de construire au moins huit nouvelles gares. Pour le moment, elle exploite trois lignes de bateaux-bus (Abobo-Doumé-Treichville, Blokosso-Plateau et Abobo-Doumé-Plateau), qui relient quatre gares lagunaires.

Dès l’année prochaine, la Sotra ne sera plus seule à transporter les Abidjanais sur la lagune. Créée début 2014, la compagnie privée ivoiro-turque Rainbow Ferry Lines, filiale du groupe ivoirien Snedai et du turc Yildirim Holding, va investir 20 milliards de F CFA pour construire une dizaine de quais ou de gares lagunaires et s’équiper de 45 bateaux-bus d’ici à la fin de 2015.