La BAD mise sur les « agropoles » pour transformer l’agriculture africaine

Baptisé « Nourrir l’Afrique », le nouveau plan de la Banque africaine de développement (BAD) sur la période 2016-2025 se concentre sur le développement de 18 « chaînes de valeurs intégrées » sur le continent.

Sur le stand du Maroc au Salon de l’Agriculture, à Paris, en février 2015. © Vincent Fournier/Jeune Afrique

Sur le stand du Maroc au Salon de l’Agriculture, à Paris, en février 2015. © Vincent Fournier/Jeune Afrique

Publié le 20 septembre 2016 Lecture : 3 minutes.

La Banque africaine de développement (BAD) a présenté, lundi 19 septembre, lors d’une conférence de presse à Abidjan en présence du ministre ivoirien de l’Agriculture, sa stratégie de transformation de l’agriculture africaine pour la période 2016-2025.

Baptisé « Nourrir l’Afrique », ce programme se concentre sur le développement de zones agro-industrielles particulières, appelées « agropoles », et sur l’intégration de toute la chaîne de valeur d’un produit, comme par exemple le riz, dans ces zones.

L’agriculture en Afrique représente 61% des emplois mais génère seulement 25% du PIB

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Chiji Ojukwu, directeur du département de l’agriculture et de l’agro-industrie de la BAD, a d’abord évoqué les problèmes du secteur agricole sur le continent. « L’agriculture en Afrique représente 61% des emplois mais génère seulement 25% du PIB, explique-t-il. Ceci entraîne une pauvreté généralisée dans quasi toutes les zones agro-industrielles du continent ».

La productivité du secteur est largement inférieure à la moyenne mondiale, « ce qui pousse à la hausse les importations et pénalisent les exportations ». Chiji Ojukwu a ainsi souligné l’augmentation rapide des importations nettes de produits alimentaires, qui devraient passer de 35 milliards de dollars en 2015 à 110 milliards à l’horizon 2025.

Pour pallier ce problème, la banque a axé son programme sur le développement de chaînes de valeurs intégrées au sein de ces « agropoles », afin de capter une plus grande part de la valeur ajoutée. « Nous avons décidé de placer nos efforts dans 18 chaînes de valeurs intégrées sur le continent », a déclaré Chiji Ojukwu, ajoutant que « ce type de transformation agricole a déjà commencé, au Kenya, en Éthiopie ou au Nigeria ».

Autosuffisance et transformation locale

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Selon la BAD, le coût de transformation de ces 18 chaînes de valeurs devrait s’établir entre 315 et 400 milliards de dollars sur la période 2015-2025, pour un retour sur investissement de près de 85 milliards de dollars par an à partir de 2025. La banque assurera une partie du financement, à hauteur d’environ 2,4 milliards de dollars par an. S’ils veulent atteindre les objectifs du programme, les États devront consacrer 10% des dépenses publiques à l’agriculture. Quant aux financements privés, ils devront dépasser 25 milliards de dollars par an. Pour ce faire, la BAD « a prévu des mesures d’atténuation et de partage des risques, notamment financier, en partenariat avec les banques », a expliqué Chiji Ojukwu.

Certaines « agropoles » sont censées garantir l’autosuffisance régionale pour les principaux produits de base comme le riz, le blé, le poisson ou l’huile de palme. D’autres doivent servir à capter une plus grande partie de la valeur ajoutée en transformant localement les principaux produits d’exportations comme le café, le cacao ou le coton, à assurer la sécurité alimentaire du Sahel, ou encore à libérer le potentiel de la savane de Guinée, grâce au soja, au bétail et à la volaille.

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La BAD entend jouer sur plusieurs leviers pour développer les chaînes de valeurs dans les « agropoles » : augmenter la productivité, faciliter le financement des projets, développer les infrastructures d’appui (route, eau, énergie, TIC), améliorer les réglementations, promouvoir les flux de capitaux, et privilégier l’inclusion, la durabilité et la nutrition appropriée.

Une semaine après l’annonce d’une enveloppe de 24 milliards de dollars sur dix ans

Le ministre ivoirien de l’Agriculture, Sangafowa Coulibaly, a salué cette nouvelle stratégie, expliquant être « d’accord avec la BAD. Il faut développer les activités en amont et en aval de la ferme ». Il a ainsi évoqué l’ »agropole Bélier », dans le district de Yamoussoukro, autour de la chaîne de valeur du riz. Ce projet de 80 millions de dollars pour développer les infrastructures ou l’irrigation dans cette zone devrait être achevé avant la fin de l’année. Les aménagements du second « agropole », dans le nord du pays, devraient coûter près de 100 millions de dollars.

La présentation de cette stratégie agricole intervient dix jours après qu’une enveloppe de 30 milliards de dollars (26 milliards d’euros) a été annoncée au Kenya par la BAD et plusieurs bailleurs internationaux pour aider l’Afrique à accroître sa production agricole.

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