Un libre accès au marché européen pour les ananas ou le cacao du Cameroun, contre le démantèlement progressif des barrières tarifaires imposées aux importations de l’Union européenne : tel est le principe de l’accord de partenariat économique (APE) entre Yaoundé et Bruxelles qui vient d’entrer en vigueur, deux ans après sa conclusion, rapporte l’APF ce vendredi 5 août.
« Le démantèlement des barrières douanières camerounaises va s’étaler sur 15 années », a précisé la télévision d’État CRTV. Ces pertes atteindront « près de 115 milliards de F CFA (175 millions d’euros) au bout de huit ans », selon un responsable des douanes interrogé sur la même CRTV.
Un communiqué de Jean Tchoffo, président du Comité chargé du suivi de la mise en œuvre de l’APE bilatéral Cameroun-UE, publié sur le site des services de douanes du Cameroun, rappelle cependant que pour une très longue série de produits [PDF] — des animaux vivants aux graines de semences agricoles, de l’engrais au matériel de transport ferroviaire…— « le taux de réduction sera de 25% par an sur une période de quatre ans ».
Décret signé par Paul Biya le 3 août 2016 sur l’accord de libre-échange avec l’Union européenne by jeuneafrique on Scribd
3,2 milliards d’euros d’échanges commerciaux en 2015
Les échanges commerciaux entre le Cameroun et l’UE se sont établis à 3,2 milliards d’euros en 2015, dont 1,67 milliard d’euros de ventes camerounaises et 1,58 milliard d’euros d’exportations européennes.
Les principales exportations du Cameroun vers l’UE sont des produits agricoles (883 millions d’euros en 2015), des produits pétroliers (597 millions d’euros) et des métaux non ferreux (103 millions d’euros).
Le Cameroun importe principalement de l’Union européenne des produits manufacturés (produits chimiques, machines, équipement de transport…) pour un total de 1,123 milliard d’euros en 2015, ainsi que des produits agricoles (433 millions d’euros).
Critiques
Les APE sont la seule option, selon Bruxelles, pour mettre ses relations commerciales avec plusieurs pays africains en conformité avec les règles commerciales internationales de l’OMC et pour s’éviter d’éventuelles litiges avec des pays tiers — États-Unis et Chine en tête — qui pourraient contester des régimes d’exception qu’ils considèrent injustes.
Ces accords ont suscité de fortes critiques au sein de la société civile africaine, contestant leur impact sur les recettes publiques et le tissu économique local.
La signature du décret du 03 août intervient moins d’une semaine après que les pays membres de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale ont réaffirmé leur volonté d’accélérer les négociations en vue d’un APE valide pour l’ensemble de la région avec l’UE.