« Historique !” La réaction à chaud de l’ancien président de la Banque africaine de développement (BAD), le Rwandais Donald Kaberuka, en dit long sur l’ambiance des débats qui se sont tenus, samedi 16 juillet soir à l’Hôtel Serena de Kigali, autour d’un sujet épineux : le financement de l’Union africaine (UA).
Kaberuka sortait tout juste d’une présentation sur le financement de l’organisation aux chefs d’État, aux ministres des Affaires étrangères et des Finances du continent, réunis pour le 27e sommet de l’UA dans la capitale rwandaise.
De quoi s’agit-il ? Le mode de financement de l’organisation, actuellement assuré aux trois quarts par des aides extérieures – les États versent ce qu’ils veulent -, avait avancé significativement évolué lors du sommet de Johannesburg, il y a un an. Les membres avaient entériné le principe d’un financement à 100% par les États, dont 75% pour les programmes de l’UA et 25% pour le fonds Paix et Sécurité. Restait à déterminer comment lever les fonds.
Une taxe sur les importations pour financier l’UA
Mandaté par l’UA, l’ancien ministre rwandais planchait depuis plusieurs mois sur le sujet. S’inspirant d’une formule déjà utilisée pour financer certains ensembles sous-régionaux, l’économiste a proposé que chaque État instaure une nouvelle taxe sur les importations de 0,2%. Selon ses calculs, cette taxe devrait rapporter 1,2 milliard de dollars en 2017.
“Aujourd’hui, il faut prendre une décision”, s’est enflammé Idriss Déby Itno, le chef de l’État tchadien qui préside actuellement l’organisation. Le président nigérien, Mahamadou Issoufou, “lui a emboîté le pas”, confie un ministre d’Afrique de l’Ouest présent au huit-clôt.
“Les membres ont accueillis la proposition à la quasi unanimité”, nous a confié Donald Kaberuka à la sortie de la réunion. La proposition, qui prévoit que cette taxe soit introduite dès la loi de finance 2017, doit encore être formellement entérinée aujourd’hui, lors du sommet des chefs d’État qui va s’ouvrir cet après-midi.