Dimanche soir, alors que les festivités battaient leur plein à l’occasion du 56è anniversaire de l’indépendance de Madagascar, une bombe a explosé au milieu du stade municipal bondé de Mahamasina où avait lieu un gigantesque concert gratuit. Le bilan est de 3 morts, 88 blessés dont 6 dans un état critique.
Les premiers éléments de l’enquête révèlent que c’est une grenade artisanale, bourrée de billes métalliques, qui serait à l’origine du drame. Les numéros de série et d’immatriculation de l’arme ont été effacés et n’ont pas pu être identifiés par la police. D’après une source proche du dossier, « il est fort probable que la grenade ait été déposée dans le stade plusieurs jours avant l’événement. Raison pour laquelle elle n’a pas été décelée lors des fouilles à l’entrée du stade. »
Vu le contexte politique tendu et les rumeurs persistantes de déstabilisation à trois jours de la fête nationale, les services de sécurité avaient en effet annoncé des fouilles drastiques. Mais devant l’afflux de spectateurs, plusieurs témoins affirment que les forces de l’ordre ont été débordées, laissant parfois entrer la foule librement.
L’hypothèse que l’engin explosif ait été introduit dans le stade à ce moment-là n’est donc pas à écarter.
Un lien entre trois événements récents ?
Selon le chef de la sécurité et des renseignements à la gendarmerie, l’enquête menée par la police judiciaire tente de faire le lien entre trois événements : cet attentat meurtrier, l’interpellation d’un individu pris en train de lancer une grenade lacrymogène aux abords du stade peu avant le défilé militaire et enfin l’explosion la veille, à 4 h du matin, d’une bombe sur le parking du Sénat.
Des perquisitions sont en cours mais aucune arrestation n’a été confirmée.
Aux vues des premiers éléments de l’enquête, le Conseil de Gouvernement a conclu qu’il s’agissait d’un acte « criminel volontaire et prémédité ».
Une attaque politique ?
Hier soir, après avoir rendu visite aux victimes à l’hôpital, le Premier ministre Olivier Mahafaly a déclaré que son gouvernement n’allait pas « rester les bras croisés. On va traduire les auteurs à l’origine de ces tueries et les sanctionner durement ! »
Dimanche, le président de la République avait laissé entendre que l’opposition était derrière cet attentat, et dénoncé « ceux qui, pour des raisons politiques utilisent la violence aveugle. »
« Trop facile », ont répondu en cœur les principaux opposants au régime.
Certains membres des clans des deux ex-présidents, Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina, sont toutefois dans le collimateur des enquêteurs, notamment le sénateur et colonel René Lylison.