L’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo (ARPTC) réagit à la hausse spectaculaire du prix de vente des données mobiles, intervenue chez les principaux opérateurs de RDC en mai.
Dans une déclaration rendue publique le dimanche 19 juin, puis dans une mise en demeure adressée aux opérateurs lundi 20 juin, elle « enjoint tous les opérateurs de téléphonie mobile (…) d’annuler leurs nouvelles offres tarifaires et de revenir aux anciennes grilles tarifaires pour les services voix et internet du fait que ceux-ci ont violé des dispositions légales et réglementaires, notamment par le non-respect de la procédure qui veut que toute modification des prix des services de télécommunications soit approuvée préalablement par l’ARPTC ».
Depuis le 17 mai, Airtel, Vodacom, Orange, Tigo et Africell ont revu à la hausse leur tarif des données internet mobile (data) et fixe.
« Vodacom, Airtel, Orange et Tigo ont fait passer leur tarif de 50 gigabits (Gbit) pour 100 dollars valables 30 jours, à 5 Gbit pour 100 dollars. Africell, lui, a fait passer ses tarifs de 100 Gbit à 5 Gbit pour 100 dollars », détaille Patient Ligodi, jeune entrepreneur à la tête de Univers FM et du site d’info en ligne politico.cd. Ce dernier avait même initié une « Nuit debout » à Kinshasa, du nom du mouvement de contestation politique né à Paris, en opposition à cette hausse de tarif.
Mais, explique Patient Ligodi, si baisse il y a eue consécutivement à la demande de l’ARPTC, elle n’a été que partielle. « Désormais, Airtel, Orange et Tigo sont revenus à 20 gigabits pour 100 dollars. Alors que Vodacom offre 32 Gbit et Africell 40 Gbit pour le même tarif », indique-t-il.
Contactée par Jeune Afrique, l’ARPTC n’était pas joignable pour expliquer les raisons de cette baisse intermédiaire.
Gouvernement et opérateurs se renvoient la balle
Gouvernement et opérateurs de télécommunications se renvoient mutuellement la responsabilité de la hausse initiale des tarifs.
Le ministre des Télécommunications Thomas Luhaka avait demandé fin mai à l’autorité de régulation du secteur d’enquêter sur la hausse des tarifs qui, selon lui « frise » l’entente illégale.
« Aucune disposition légale n’a été violée : nous avons simplement franchi une étape supplémentaire dans la tarification », confiait à Jeune Afrique un patron sur place sous couvert de l’anonymat. « Au départ, nos offres étaient destinées à attirer la clientèle. Il est temps à présent pour nous de les rendre rentables », ajoute-t-il.
Plusieurs sources contactées par l’AFP au sein de l’industrie expliquent que la hausse a des raisons exclusivement économiques, en référence à la hausse de la taxe sur le chiffre d’affaires, augmentée d’un point dans la loi de finances 2016 pour atteindre 3%.
De même, mi-mars, les opérateurs disent avoir été contraints de mettre en oeuvre une coûteuse procédure d’identification des abonnés au cours de laquelle ils disent avoir perdu 10 à 20% de clients. En avril, alors que la monnaie nationale dévissait par rapport au dollar, entraînant une certaine inflation, le gouvernement les a empêchés d’ajuster le prix de vente des recharges téléphoniques, rapportait également l’AFP le 11 juin.
L’accès à l’internet fixe est très peu développé en RDC. De fait, l’essentiel de la consommation internet (emails, vidéos, réseaux sociaux…) est réalisée à travers l’internet mobile, souvent partagé entre plusieurs utilisateurs.