Le procureur a retenu trois chefs d’accusation à leur encontre : tentative de trouble à l’ordre publique, opposition à une autorité légitime et provocation à un attroupement non-armé, détaille le procureur de la République, Alghassim Khamis, contacté par Jeune Afrique. « Ils vont à nouveau comparaître devant le tribunal jeudi prochain », précise-t-il.
Une décision « arbitraire »
« C’est totalement arbitraire, les chefs d’accusation ne sont pas constitués », s’insurge le porte-parole de la coalition Ça suffit, Mahamat Nour Ahmed Ibedou, joint par Jeune Afrique quelques minutes après la décision du procureur. « Nous allons être déférés à la maison d’arrêt d’Amsinéné », ajoute-il.
Trois autres figures de la société civile ont également été arrêtées. Il s’agit de Younous Mahadjir, secrétaire général de l’Union des syndicats du Tchad (UST), de Nadjo Kaina, porte-parole du mouvement Iyina et de Céline Narmadji, porte-parole de la coalition « Trop c’est trop ».
Les rassemblements interdits
À l’approche du premier tour de la présidentielle fixée le 10 avril, ces derniers appelaient à une marche pacifique contre la candidature d’Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis 26 ans.
Il y a tout juste un mois, le 24 février, ils avaient lancé l’opération « ville morte ». Une initiative déclenchée dans un contexte explosif, après le scandale du viol de la jeune lycéenne Zouhoura. Ce mouvement avait été massivement suivi, avait alors constaté l’Agence France-Presse.
Mais à quelques jours du scrutin, les autorités ont interdit tout rassemblement. « Seule les manifestations des candidats à l’élection présidentielle sont désormais autorisées », a fait savoir le 19 mars le ministre de la Sécurité publique et de l’Immigration, Ahmat Mahamat Bachir.