Économie

Algérie : les réserves de change ont fondu de plus de 25 % en deux ans

Elles s’établissaient à 143 milliards de dollars fin décembre 2015 contre 194 milliards de dollars en décembre 2013, a indiqué la mission du Fonds monétaire international (FMI) le 14 mars, au terme d’une visite d’une dizaine de jours à Alger. C’est une baisse de -26,28 % en deux ans.

Mis à jour le 15 mars 2016 à 17:01

Vue du port d’Alger, un centre stratégique de l’économie algérienne. © Jaysen Naidoo/Flickr/CC

La chute des cours du pétrole — qui pour le Crude Oil et le Brent se maintenaient sous les 39 dollars le baril ce mardi — pèse lourdement sur les réserves de changes de l’Algérie.

Elles ont fondu quasiment de 50 milliards de dollars pour s’établir à 143 milliards de dollars fin décembre 2015 a fait savoir, dans un communiqué publié lundi 14 mars, la mission du FMI au terme d’une visite à Alger de dix jours.

C’est en-deçà des 151 milliards de dollars attendus par le ministre des Finances Abderrahmane Benkhalfa, au début de l’examen parlementaire du projet de loi de finances 2016, le 23 novembre 2015. Les réserves atteindraient 121 milliards de dollars en 2016 toujours selon Abderrahmane Benkhalfa. De quoi assurer à l’Algérie 23 mois d’importations.

Entre 2013 et 2014, le pays, pour lequel les hydrocarbures représentent 60 % des recettes budgétaires et près de 95 % des recettes d’exportations, avait déjà vu fondre ses réserves de changes après que le prix du baril sur les marchés internationaux a commencé à dégringoler en juin 2014. Ces réserves atteignaient 178,9 milliards en décembre 2014. À ce rythme, en 2019, anticipait mi-2015 Abdelmalek Sellal, le Premier ministre, les Algériens ne disposeront plus que de 9 milliards de dollars.

Creusement des déficits public et commercial

Autre confirmation de la mission du FMI, le creusement des déficits public et commercial de l’Algérie : le premier a atteint -16 % du PIB fin 2015, selon l’institution de Bretton Woods, et le second « s’est nettement creusé ».

La Loi de Finances 2016 prévoit un déficit budgétaire de plus de 3 200 milliards de dinars (environ 27 milliards d’euros), avec 7 984 milliards de dinars de dépenses (68,49 milliards d’euros) et 4 747 milliards de dinars de recettes (40,72 milliards d’euros).

Pour limiter les importations, l’Algérie a instauré en 2015 des licences sur une vingtaine de produits qui pèsent le plus lourdement sur la balance commerciale. Alors que du côté des dépenses, Alger a ouvert la porte aux réductions des subventions sur les prix des carburants, de l’électricité et du gaz. Une première sous la présidence d’Abdelaziz Bouteflika, qui dirige l’Algérie depuis 1999.

Enfin, dernière étape en date, l’Algérie a annoncé qu’elle allait émettre un « grand emprunt national » en avril prochain, a annoncé le Premier ministre Abdelmalek Sellal début mars. Son objectif est de limiter les prélèvements dans le Fonds de régulation des recettes (FRR) chargé de gérer les excédents budgétaires issus de l’exploitation pétrolière. À 3 441 milliards de dinars fin juin 2015, les réserves du FER avaient perdu -33% en un an.

Seule note d’optimisme du FMI au terme de sa mission : « L’impact du choc des prix du pétrole sur la croissance a été limité. La croissance du PIB réel est estimée à +3,7 % en 2015, dont un solide +5 % hors hydrocarbures ».