La réaction ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué rendu public jeudi, l’UGTT a condamné une décision du conseil des ministres arabes de l’intérieur prise mercredi. Les monarchies sunnites du Conseil de Coopération du Golfe (Arabie saoudite, Qatar, Bahreïn, Koweït, Émirats arabes unis et Oman) avaient en effet classé comme terroriste le Hezbollah, un qualificatif ensuite repris dans la soirée par les ministres de l’Intérieur des pays arabes réunis à Tunis. Ces derniers avaient condamné dans un communiqué signé par le gouvernement tunisien les pratiques et « actes terroristes » du Hezbollah visant selon eux à déstabiliser certains pays arabes.
Une décision « étrange »
Pour l’UGTT, prix Nobel de la Paix 2015, c’est une décision « étrange », le Hezbollah symbolisant la lutte nationale libanaise contre Israël. « Cette décision a été prise dans le cadre d’une offensive dirigée par des forces étrangères et régionales pour diviser la nation arabe et détruire ses forces au profit des forces (…) sionistes et rétrogrades », a estimé l’UGTT dans son communiqué.
Le syndicat a exhorté le gouvernement tunisien à se désolidariser de la mesure, « qui ne sert ni l’intérêt du pays, ni celui de la nation arabe » et demandé à toutes les forces nationales et démocratiques de faire face à cette décision.
De son côté, le président de l’Ordre des avocats Mohamed al-Fadel Mahfouz a souligné dans un communiqué son refus de voir le gouvernement tunisien prendre une telle direction dangereuse et a appelé toutes les forces vives en Tunisie et dans le monde arabe à faire pression sur les gouvernements pour qu’ils reviennent sur leur décision.
Soutien au Hezbollah de l'ordre des avocats tunisiens (nobel de la paix) décrivant Israël comme "l'ennemi sioniste" pic.twitter.com/Vx15LXASPa
— Romain Caillet (@RomainCaillet) March 3, 2016
Une disposition non représentative de la position de la Tunisie ?
Le ministre tunisien des Affaires étrangères Khemaies Jhinaoui a quant à lui affirmé – le plus sérieusement du monde – dans une entrevue à la télévision que la décision des ministres arabes ne représentait pas la position de la Tunisie, ce malgré la signature du ministre tunisien de l’Intérieur, Hédi Majdoub… Il a d’autre part souligné que les décisions officielles de la Tunisie sont uniquement annoncées par le président de la République ou le ministère des Affaires étrangères.
La mesure prise contre le Hezbollah par le CCG intervient dans un contexte de forte tension entre Ryad et le mouvement chiite libanais, accusé de servir de tête de pont à l’Iran chiite et de s’ingérer dans les affaires des pays arabes. Le classement du Hezbollah comme organisation terroriste par les pays du Golfe a fait l’objet de critiques sur les réseaux sociaux en Tunisie, un pays sunnite mais qui est aussi très sensible à la défense de la cause palestinienne.