Comme lors d’un jour férié, les deux grands marchés sont restés déserts à N’Djamena. Toutes les boutiques à travers la ville sont restées portes closes et les élèves des lycées et collèges n’ont pas été en cours. La circulation des voitures et des motos-taxis était quant à elle réduite.
Seules les banques et certaines sociétés privées étaient ouvertes dans le quartier administratif. Dans les ministères, plusieurs départements ont fonctionné au ralenti, signe d’un mouvement anti-Déby lancé du matin jusqu’à 13H30 locales (12H30 GMT), particulièrement suivi jusqu’en province.
Villes mortes en province
À Moundou, la deuxième ville du pays, il a même été « totalement suivi », selon un habitant joint au téléphone. « Même les motos-taxis ne circulent pas. C’est vous dire que ici, à Moundou, nous avons très bien respecté la ville-morte », a-t-il affirmé. À Mao, dans le nord-ouest du pays, le marché hebdomadaire du mercredi a été fortement perturbé, selon un habitant.
Selon le porte-parole de la plate-forme « Ça suffit », composée d’une vingtaine d’associations de la société civile dont la Ligue tchadienne des droits de l’homme et l’Union des syndicats du Tchad, le mot d’ordre a été également suivi dans les villes de Sarh, Abéché et Mongo.
C’est la preuve évidente que le peuple rejette la candidature de Déby.
« Le mot d’ordre a été globalement très bien suivi et cela démontre que la population a pris conscience qu’elle peut exercer ses droits démocratiques », a déclaré Mahamat Nour Ibedou. « Cela traduit un ras-le-bol général, c’est la preuve évidente que le peuple rejette la candidature de Déby », a-t-il ajouté.
L’opération « ville morte » s’inscrit dans un contexte global de contestation du pouvoir du président Déby. Il a été déclenché à la suite de celui des lycéens qui, depuis le 15 février, ont manifesté à plusieurs reprises à travers le pays pour protester contre le viol de la jeune Tchadienne Zouhoura. Deux lycéens ont été tués par la police et l’armée au cours de ces manifestations.