Une réaction qui n’a pas suffit à apaiser les tensions. Lundi 15 février, une manifestation de jeunes à N’Djamena était violemment dispersée par la police anti-émeutes, provoquant la mort d’un jeune homme. Depuis, les cortèges se sont multipliés et les manifestations se sont étendues au reste du pays.
Mercredi 24 février, plusieurs organisations de la société civile ont ainsi lancé l’opération « ville morte » sur tout le territoire jusqu’à 13 heures. »Puisqu’on nous empêche de manifester, nous allons rester chez nous », a expliqué à Jeune Afrique Céline Narmadji, porte-parole de Trop c’est trop, l’un des collectifs à l’origine de l’opération.
Jeune Afrique : Après N’Djamena, les manifestations ont gagné l’Extrême-Nord ou encore Moundoun. Comment expliquez-vous que le scandale ait pris une telle ampleur ?
Céline Narmadji : C’est l’expression d’un ras-le-bol populaire. Le viol de Zouhoura a ému tout le pays et bien au-delà car le sexe est tabou au Tchad. Dans les familles, personne n’en parle. Le fait d’exposer sur Facebook la nudité d’une femme séquestrée a profondément choqué la population, ça a dépassé tous les clivages.
Vous entendez également dénoncer l’impunité ?
Bien sûr, mais pas que. Ces mouvements visent à dire « non » à l’impunité, mais aussi à l’injustice sociale, au pillage des ressources nationales… L’affaire Zouhoura a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Tout le monde veut désormais dénoncer les préjudices subis, qu’il s’agisse de l’affaire Zouhoura, des bavures, ou encore la cherté de la vie.
Votre coalition, comme d’autres, appelle à une journée « ville morte ». Pourquoi cette forme de protestation ?
Nous avons lancé cette opération dans tous le pays. Le droit de manifester n’est pas appliqué et les opinions contradictoires n’ont pas le droit de citer au Tchad. Quand les jeunes se sont indignés du viol de Zouhoura et sont descendus dans les rues lundi 15 février, on leur a tiré dessus. Ça devient trop dangereux. Alors puisqu’on nous empêche de manifester, nous allons rester chez nous !