Des ministres, gouverneurs d’États, chefs d’entreprise, responsables de la fonction publique et banquiers sont accusés d’avoir volé 6,7 milliards de dollars de fonds publics en sept ans au Nigeria, a déclaré lundi le ministre de l’information. Selon Lai Mohammed, quelque 1 340 milliards de nairas (6,72 milliards de dollars, 6,15 milliards d’euros) ont été volés par tout juste 55 personnes entre 2006 et 2013.
« La situation est dramatique et l’heure est à l’action », a-t-il dit lors d’une conférence de presse à Abuja.
Selon la liste donnée par Lai Mohammed :
– Quinze anciens gouverneurs d’États ont volé 146 milliards de nairas,
– Cinq anciens législateurs 8 milliards,
– Onze hommes d’affaires 653 milliards,
– Huit responsables du secteur bancaire 524 milliards,
– Douze anciens fonctionnaires ont volé plus d’un milliard de nairas et
– Quatre anciens ministres ont dérobé sept milliards de nairas.
La période concernée correspond à la fin du second mandat (2003-2007) d’Olusegun Obasanjo, premier président élu démocratiquement après plusieurs années de dictature militaire au Nigeria.
Umaru Musa Yar’Adua lui a succédé en 2007 avant d’être remplacé par le président Goodluck Jonathan en 2010 après sa brusque mort de maladie.
L’actuel président Muhammadu Buhari, candidat de l’opposition élu l’an dernier, a fait de la lutte contre la corruption, endémique dans la première puissance économique d’Afrique, une des grandes priorités de son mandat. Muhammadu Buhari a accusé Goodluck Jonathan et son administration d’avoir entièrement vidé les caisses de l’État et il a promis de retrouver les sommes ahurissantes qui ont été pillées.
Sambo Dasuki, ancien conseiller national à la sécurité, et plusieurs anciens hauts responsables sont poursuivis en ce moment dans le cadre d’un scandale de détournement de fonds portant sur deux milliards de dollars. « La bataille contre la corruption c’est la guerre que mène le Nigeria », a déclaré le ministre de l’Information, Lai Mohammed.
Le Parti démocratique du peuple (PDP), devenu le principal parti d’opposition, a accusé Muhammadu Buhari de mener une chasse aux sorcières contre ses membres. Olusegun Obasanjo, Yar’Adua et Goodluck Jonathan ont tous été présidents du PDP.
Mais Lai Mohammed a averti que le nouveau gouvernement n’épargnerait aucune des personnes ayant volé des fonds publics, quelle que soit son appartenance politique, ethnique ou religieuse.