C’est pratiquement le double du bilan établi par l’ONG de défense des droits de l’homme au mois de décembre dernier, qui faisait déjà état de 75 morts. Au total, « les forces de sécurité ont tué au moins 140 personnes et blessé de nombreux autres, selon des militants » déplore Felix Horne, chercheur à HRW, dans un article publié le 8 janvier, sur le site de l’organisation qui craint une escalade de la crise dans la région de Oromia.
Le gouvernement éthiopien rejette ces chiffres, le bilan officiel signalant la mort de 5 personnes, et accuse les manifestants d’être responsables des violences.
Craintes d’expropriation du peuple Omoro
Les manifestations ont commencé au mois de novembre dernier, à l’initiative d’étudiants qui s’opposent à un projet d’agrandissement de la capitale Addis-Abeba, craignant qu’en conséquence, les fermiers Oromo dont les terres s’étendent de l’est au sud-ouest du pays ne soient expropriés.
C’est « un nouveau grief des Oromo contre le gouvernement qui s’ajoute à une liste déjà longue » pointe du doigt Felix Home. Au mois d’octobre dernier, l’ONG Amnesty International accusait les autorités éthiopiennes d’être responsables d’abus systématiques à l’encontre de la communauté des Omoros, le groupe ethnique le plus important du pays.
Risque d’escalade
L’arrestation, le 23 décembre dernier, de Bekele Gerba, le vice-président du Congrès fédéraliste Oromo (OFC), le principal parti enregistré dans la région de Oromia, alors même que les manifestations étaient « généralement pacifique » a accentué le risque d’escalade de la crise.
« En usant d’une main de fer contre les hommes politiques d’opposition que contre les manifestants pacifiques, le gouvernement ferme la porte à la possibilité pour les Éthiopiens de s’exprimer de façon non-violente des revendications légitimes », s’inquiète Felix Horne.
Une voie qu’il juge « dangereuse » et » qui pourrait mettre en danger la stabilité à long terme en Éthiopie. Pour le chercheur de HRW, ce « pourrait être la plus importante crise en Éthiopie depuis les violences liées aux élections de 2005 ».