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RDC : la nostalgie Mobutu
« Il manquait de discipline chez nos hommes politiques. Pendant cinq ans, nous allons l’instaurer dans tous les domaines : politique, économique, financier », soutient Joseph-Désiré Mobutu devant la presse belge pour justifier son (nouveau) coup d’État du 24 novembre 1965. Six jours plus tôt il accédait aux plus hautes fonctions de la hiérarchie militaire avant de destituer ainsi le chef de l’État, Joseph Kasa-Vubu, et son Premier ministre, Évariste Kimba.
Déjà en 1960, à peine 76 jours après l’indépendance du Congo, le 14 septembre 1960, Mobutu s’imposait comme l’homme fort du pays.
Il ne s’agit pas d’un coup d’État militaire, mais plutôt d’une simple révolution pacifique.
« Chers compatriotes, ici c’est le colonel Mobutu Joseph, chef d’état-major de l’armée nationale congolaise, qui vous parle de Léopoldville [aujourd’hui, Kinshasa, NDRL]. L’armée nationale congolaise a décidé de neutraliser le chef de l’État [Joseph Kasa-Vubu, premier président du pays, NDRL] jusqu’à la date du 31 décembre 1960 […]. Il ne s’agit pas d’un coup d’État militaire, mais plutôt d’une simple révolution pacifique. L’armée va aider le pays a résoudre ses différents problèmes qui deviennent de plus en plus aigus », avait-il lancé pour annoncer la « neutralisation » de l’exécutif.
Mais Mobutu ne prend pas – officiellement – le pouvoir à ce moment-là. Il place en résidence surveillée le Premier ministre Patrice Émery Lumumba, pourtant son mentor politique (celui-ci avait nommé Mobutu secrétaire d’État à la présidence au sein du premier gouvernement congolais). Ce dernier, après avoir tenté une évasion, sera arrêté, puis transféré le 17 janvier 1961 dans le Katanga où il sera assassiné.
Mobutu, seul maître du Zaïre
Après la mort de Lumumba, Mobutu réhabilite Kasa-Vubu à la tête du pays mais garde lui le commandement de l’armée qui fait face à une rébellion menée par les fidèles du Premier ministre assassiné… jusqu’à sa prise de pouvoir officielle, le 24 novembre 1965.
C’est le début d’un régime autocratique dirigé d’une main de fer. Éliminant au passage tout potentiel opposant au nouveau pouvoir. À l’instar d’Évariste Kimba, Premier ministre déchu et trois autres politiciens, accusés de comploter contre les nouvelles institutions avant d’être pendus début juin 1966. Le ton est donné.
L’année suivante, le « citoyen-président » crée le Mouvement populaire de la révolution (MPR), le parti-État. Il en devient le « père fondateur ». Tous les Congolais sont de fait membres de la formation politique. Un monopartisme qui durera jusqu’en 1990. Cette année-là, les larmes aux yeux, le chef de l’État et président du MPR annonce qu’il quitte la tête du parti, autorisant en même temps le multipartisme.
Ce qui reste du « mobutisme »
Celui qui avait rebaptisé son pays le Zaïre sera finalement chassé du pouvoir par les armes en 1997. Après 32 ans de règne sans partage. Trois décennies durant lesquelles Mobutu a su tout de même faire émerger chez ses compatriotes un profond sentiment d’appartenance à une même nation. La fierté d’être tous, malgré leurs différences (le pays compte plus de 400 tribus), Zaïrois, aujourd’hui Congolais. Cinquante ans après, les compatriotes s’en souviennent.
Entre 1960 et 1965, le Congo a connu un chaos indescriptible. Le général #Mobutu a mis fin aux rébellions et a forgé une nation. #Zaïre
— Nzanga Mobutu (@NzangaMobutu) November 24, 2015
50 ans après, personne n'a su égaler Mobutu dans l'art d'exalter un territoire fusionnant avec le bassin du plus puissant fleuve d'Afrique.
— Olivier Kamitatu (@OlivierKamitatu) November 24, 2015
@PatrickMuyaya #Mobutu a tant aimé le #Zaïre, qu'il a pactisé avec le diable? Le corps n'étant qu'une enveloppe, il peut revenir au bercail
— Mwana Congo?? (@Aarwam) November 24, 2015
@PatrickMuyaya Il a tant aimé le #Zaire qu’il a donné son peuple en pature! voilà mon souvenir, ceci dit qu’il y revienne …
— Nicole Mutolo (@coeurafro) 24 Novembre 2015