Syriens ou Subsahariens, une générosité à deux vitesses dans l’accueil des migrants en Europe ?

Au sommet de Malte sur la migration, le 11 novembre prochain, les pays membres de la Cedeao entendent dénoncer la discrimination dont seraient victimes les migrants africains, lorsqu’ils débarquent sur les côtes européennes.

L’œil de Glez. © Glez / J.A.

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Publié le 4 novembre 2015 Lecture : 2 minutes.

C’est en marmonnant timidement entre leurs dents que nombre d’Africains s’offusquaient, à la fin de l’été, lorsque l’opinion européenne appelait les familles ou les paroisses à accueillir – et même intégrer – les vagues de migrants venus d’Orient. Difficile de critiquer ouvertement un élan de générosité né, notamment, de l’impact médiatique d’une photo, celle d’Aylan, l’enfant noyé dont le corps s’était échoué sur une plage. Difficile de mettre en musique la concurrence des galères.

Pourtant, sur le continent africain, on s’étonnait de cette vibration soudaine de la corde sensible, alors que des clandestins au teint noir mouraient, par milliers et depuis de longs mois, au large de la Libye. La misère des migrants africains ne valait-elle pas solidarité populaire européenne ? Y aurait-il deux poids deux mesures ?

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Si le conflit syrien émeut du fait de l’atroce double front auquel sont confrontées les populations, peut-on balayer d’un revers de la main les sauvageries que certains Africains fuient ? À ce niveau du débat, c’est à certaines lèvres européennes de marmonner timidement : « les migrants noirs du sud du Sahara ne sont pas tous des persécutés ». Sur les coquilles de noix sombrant en Méditerranée, se trouveraient des escrocs en quête d’un statut de réfugié, qui seraient à peine affectés par un sous-développement qu’ils alimentent en quittant leurs contrées. Opinion outrancière contre opinion lapidaire…

Le sommet de Malte dans le viseur

Ce n’est que maintenant que les autorités africaines commencent à relayer l’opinion populaire. Ce lundi 2 novembre, à Dakar, le ministre de l’Intégration africaine, du Nepad et de la Promotion de la bonne gouvernance, Khadim Diop, se faisait l’écho de la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), une rencontre préparatoire au sommet sur la migration prévu à Malte les 11 et 12 novembre prochain. Il indiquait la ferme volonté des participants de dénoncer la discrimination dont sont victimes les Africains en Europe, en matière de prise en charge de la question migratoire. Lors de ce sommet de Malte, destiné à définir des positions communes entre l’Europe et l’Afrique, la Cedeao s’apprêterait à critiquer la militarisation et l’érection de barricades aux frontières de l’UE.

Ce sont aussi certaines « contraintes structurelles de l’UE » qui empêchent le décollage économique des pays africains

L’Afrique de l’Ouest n’a pas l’intention de faire preuve d’angélisme en minimisant les difficultés que rencontrent les zones d’accueil, submergées par des mouvements trop massifs de population. Le Commissaire chargé du Commerce, de la Libre circulation et des Douanes de la Cedeao, Hamid Ahmed, souligne que le continent africain souffre lui-même de nouvelles migrations internes liées au terrorisme, aux rébellions et aux crises sociales. Il faudra donc se pencher sur les raisons profondes des flux de populations : les conflits, bien sûr, mais aussi les contextes économiques. Or, considère encore la Cedeao, ce sont aussi certaines « contraintes structurelles de l’Union européenne » qui empêchent le décollage économique des pays africains. Depuis lundi, les oreilles européennes doivent siffler. Seront-elles, le 11 novembre, bien ouvertes pour écouter ?

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