Nigeria : Muhammadu Buhari forme son gouvernement et s’attribue le ministère du Pétrole

Muhammadu Buhari va prendre en charge le portefeuille clé du Pétrole au sein du gouvernement dont il a soumis la composition mercredi au Parlement, quatre mois après sa prise de fonction.

Le président Buhari a été élu sur un programme de lutte contre la corruption. © Cliff Owen/AP/SIPA

Le président Buhari a été élu sur un programme de lutte contre la corruption. © Cliff Owen/AP/SIPA

Publié le 30 septembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Depuis New York, mercredi 30 septembre, où il participait à l’Assemblée générale des Nations unies, le président nigérian a indiqué qu’il prendrait en main le ministère du pétrole, crucial s’il en est alors que le Nigeria, premier producteur africain d’or noir, dépend à 70% de ses exportations de brut pour son budget et à 90% pour ses recettes en devises.

Muhammadu Buhari « sera assisté d’un secrétaire d’État en charge de gérer les affaires courantes de ce secteur », a confirmé mercredi le porte-parole de la présidence, Femi Adesina, tandis que, plus tard dans la journée, le président du Sénat Bukola Saraki a annoncé avoir reçu la liste du gouvernement proposé par le président. Il n’en a toutefois pas dévoilé la composition, le Parlement devant l’approuver mardi 6 octobre.

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Muhammadu Buhari aura mis quatre mois à composer son cabinet. Ce retard serait lié à sa volonté de vérifier, dans le cadre de sa lutte contre la corruption, les parcours des candidats potentiels à des postes gouvernementaux.

La NNPC en ligne de mire

Cette prise de contrôle du ministère du pétrole par la présidence, procédé qu’Olusegun Obasanjo avait lui aussi utilisé entre 1999 et 2007, est dans la droite ligne de la campagne électorale qu’avait réalisée le président Buhari. Il s’en était alors pris en priorité, dans la lutte contre la corruption, au géant national du pétrole, la NNPC, dont il avait participé à la mise en place en 1977, lorsqu’il était ministre (déjà) du Pétrole sous la présidence du général Olusegun Obasanjo.

Muhammadu Buhari, qui a aussi été en charge du Petroleum Trust Fund (PTF) dans les années 90, s’est engagé à récupérer des sommes « hallucinantes » de pétro-dollars détournés et à punir les responsables. En juin, le chef de l’État a d’ailleurs congédié l’intégralité du conseil d’administration de la NNPC et ordonné un audit de ses finances.

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Début août, Emmanuel Kachikwu, ancien vice-président exécutif d’ExxonMobil Africa et docteur de la prestigieuse université américaine d’Harvard, était nommé directeur général et depuis, 38 cadres supérieurs ont été remerciés.

Objectif réforme

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La décision de Muhammadu Buhari « lui fournit le pouvoir maximum pour mettre en place les réformes nécessaires » dans le secteur, explique l’analyste Malte Liewerscheidt, spécialiste Afrique de la société de conseil en matière de risques Verisk Maplecroft. Celui-ci met toutefois en garde contre une concentration des pouvoirs, qui « pourrait envoyer le mauvais message » pour les réformes à venir.

« La concentration des pouvoirs est une des principales raisons des mauvaises performances du Nigeria dans la gouvernance du secteur pétrolier », a-t-il prévenu, ajoutant que Muhammadu Buhari « devra s’assurer que la combinaison des rôles de président et de ministre du Pétrole ne sera qu’une mesure temporaire et extraordinaire ». D’autant que celle-ci est une stratégie à haut risque : « Elle lie son destin de président à la réussite de la réforme du secteur du pétrole et du gaz ».

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